Téléphérique urbain de Toulouse : le bilan, un an après

Téléphérique urbain de Toulouse : moins d'usagers que prévu

Toulouse - Transports - Pierre Ferreiro le 12/05/2023

Le téléphérique urbain de Toulouse, Téléo, va bientôt fêter son premier anniversaire. Pour l’occasion, la société de transports en commun toulousaine Tisséo fait le bilan sur ce moyen de transports innovant, notamment au niveau de la fréquentation. Celle-ci est légèrement plus basse que prévu, mais s'avère tout de même assez haute : il n’y a donc pas raison de s’affoler selon le régisseur.

D’autant plus que Tisséo ne manque pas d’idées afin de dynamiser son service de cabines sur câbles, qui émerveille les enfants, les touristes, et qui attire les familles lors des sorties dominicales. Téléo est un véritable atout pour la Ville rose, et pourrait va s'étendre en direction de Montaudran et Basso Cambo dans les années à venir, stimulant la production de logements neufs à Toulouse dans les secteurs desservis. Gros plan.

Téléphérique urbain de Toulouse : le bilan après un an d’exploitation

Le téléphérique urbain de Toulouse est en service depuis bientôt un an, et pour l’occasion, Tisséo dresse le bilan. Portrait des usagers et point sur la fréquentation de ce moyen de transport innovant à Toulouse.

Téléphérique urbain Toulouse – L’intérieur d’une cabine Téléo
©Frédéric Neupont — Wikimédia Commmons (CC BY-SA 4.0)

Qu’est-ce que Téléo ?

Téléo est le téléphérique urbain de Toulouse, un système innovant de transport par cabines montées sur câbles comme l’on peut en voir souvent en montagne. L’ouvrage a d'ailleurs été réalisé conjointement par la société de transports Tisséo et l’équipementier Poma, omniprésent dans les stations de ski. Bien que le projet soit en réflexion depuis 2012, les travaux ne démarrent qu’à l’été 2019. Inauguré le 13 mai 2022, cette ligne de 3 kilomètres de long, et s’élève jusqu’à 70 mètres au-dessus du sol.

La ligne de transport câblé de Téléo dessert trois stations, à savoir Université Paul Sabatier, Hôpital Rangueil – Louis Lareng et Oncopôle - Lise Enjalbert en 10 minutes. Le téléphérique urbain de Toulouse passe notamment au-dessus des côteaux de Pech David et de la Garonne pour offrir de magnifiques paysages aux voyageurs. Il s’agit par ailleurs du plus long téléphérique urbain de France.

Portrait des usagers

Si le tout Toulouse s’est rué sur cette nouvelle extension du réseau de transports en commun de Tisséo, l’originalité de Téléo causant un véritable phénomène de mode, les passagers se sont naturellement faits moins nombreux au fil de l’année. À un quart d’heure de métro au Sud de la station Jean Jaurès, le téléphérique urbain de Toulouse concerne un public relativement restreint au niveau de son usage quotidien.

Celui-ci est naturellement emprunté par proportion importante de travailleurs du secteur médical, empruntant le métro puis le téléphérique pour rejoindre l’hôpital de Rangueil ou l’Oncopôle. De nombreux étudiants de l’Université Paul Sabatier l’empruntent également pour profiter du grand espace vert de Pech David. Téléo attire également un public touristique venant profiter de ses belles vues sur la Ville rose et la Garonne.

Une fréquentation inférieure aux attentes

Les cabines sur câbles de Téléo, pour lesquelles le coût du chantier a avoisiné les 83 millions d’euros, visaient au départ un objectif de 8000 voyageurs quotidien. Après presque un an de mise en service, force est de constater que les chiffres sont légèrement en-dessous des attentes. Le téléphérique urbain de Toulouse accueille en effet 6000 voyageurs par jour, soit 2000 usagers de moins que ce qui était prévu.

Ces chiffres restent néanmoins à relativiser. Téléo rencontre en effet un certain succès, le téléphérique ayant atteint le million de voyageurs en janvier 2023. De même, la directrice clientèle de Tisséo Voyageurs mise sur la saison estivale pour observer un véritable regain d’activité sur la ligne de télé-cabines. Le retour du beau temps a en effet tendance à attirer les Toulousains sur les hauteurs de Pech David.

Des idées pour dynamiser le téléphérique urbain de Toulouse

Afin d’augmenter le nombre de passagers sur le téléphérique urbain de Toulouse, Tisséo ne manque pas d’idées. Tour d’horizon des initiatives au programme.

Téléphérique urbain Toulouse – Des passagers profitent des panoramas du téléphérique
©Frédéric Neupont — Wikimédia Commmons (CC BY-SA 4.0)

Des horaires plus étendus

Les conséquences de la guerre en Ukraine sont nombreuses, mais c’est probablement l’inflation et la crise de l’énergie qui ont l'impact le plus visible sur le quotidien des Français. La hausse des coûts de l’électricité a bien entendu eu un effet sur l’activité de Tisséo, qui a dû recourir à différents moyens pour réaliser des économies d’énergie. La compagnie de transports Toulousaine a ainsi écourté les horaires du téléphérique.

Alors que la ligne Téléo devait circuler à peu près aux mêmes horaires que le métro, avec une fin de service à 00h le soir, Tisséo a pris la décision d’arrêter le téléphérique à 22 heures. La régie prévoit aujourd’hui de remettre en place les horaires prévues à l’origine, et ainsi de faire à nouveau circuler Téléo jusqu’à minuit. Moins de 3% des voyageurs empruntaient la ligne après minuit, mais les soirées estivales sur la guinguette de l’observatoire devraient stimuler ce trafic.

Mise en place d’un tarif unique

Auparavant, les voyageurs de passage qui voulaient emprunter le téléphérique Téléo pour admirer le panorama de la Garonne et de la Ville rose ne disposaient pas d’un tarif spécial. Ils devaient payer le tarif classique d’un billet aller-retour sur le réseau de transport de Tisséo, permettant d’emprunter métro, tramway, bus et téléphérique, avec correspondances pour un total de 3,80 euros.

La compagnie de transports toulousaine a ainsi décidé de créer un nouveau billet spécifique aux usagers du téléphérique, pouvant être achetée uniquement sur les stations de la ligne. Affichée à un tarif de 3,50 euros, ce billet permet donc aux personnes souhaitant uniquement essayer Téléo d’économiser 30 centimes : une bonne initiative, étant donné que le téléphérique urbain de Toulouse attire un grand nombre de touristes et de familles.

Un escape game géant pour les petits et les grands

Depuis quelques temps, les Toulousains ont pu apercevoir des sculptures géantes pour le moins étrange dans les tunnels du métro, toutes ornées d’un QR code. Un cadenas à la station de métro Jean-Jaurès, un sablier à la station Esquirol et une loupe à la station Université Paul Sabatier... Il s’agissait en fait d’une opération de marketing virale visant à promouvoir un escape game géant autour de Téléo.

Tisséo s’est alliée avec Granhota, spécialiste des escape games à grande échelle, pour mettre en place cette activité. Le public visé devra monter une équipe de détectives qui devra, à l’aide d’un smartphone, visionner des vidéos et résoudre des énigmes autour du téléphérique urbain. Le jeu, à portée didactique, vise à apprendre aux joueurs tout ce qu’il faut savoir sur ce moyen de transport original.

 

Téléo : un atout pour la Ville rose

Bien que le téléphérique urbain de Toulouse n’ait pas atteint ses objectifs de fréquentation, celui-ci est un véritable atout pour la Ville rose. Reliant différents pôles scientifiques, il complète l’offre de transport en commun du Sud de l’agglomération, et pourrait même faire l’objet d’une extension à l’avenir.

Téléphérique urbain Toulouse – Le téléphérique s’arrête en face de l’hôpital Rangueil
©Kuremu Sakura — Wikimédia Commons (CC BY-SA 4.0)

Une connexion entre différents pôles scientifiques

L’Oncopôle, le CHU de Rangueil, l’Université Paul Sabatier... Qu’est-ce que les stations du téléphérique urbain de Toulouse ont en commun ? Il s'agit tout simplement d’une petite sélection des plus importants pôles scientifiques de la ville, aussi bien au niveau de la recherche que de l’offre de soins. Téléo permet de désenclaver ces trois sites, et notamment l’Oncopôle, séparée des deux autres par la Garonne.

Il était jusque-là difficile également pour les travailleurs du CHU de se rendre à l’hôpital sans voiture. Seule une navette à faible fréquence de passage effectuait le trajet. Maintenant, les personnes travaillant sur ces sites peuvent aisément envisager leurs trajets quotidiens en transports en commun et laisser la voiture au garage, avec l’avantage de se réveiller en admirant des paysages exceptionnels.

Des transports plus développés autour de l’Oncopole

C’est un des effets “bonus” de l’arrivée de la mise en place du téléphérique urbain de Toulouse. L’Oncopole, tout au Sud de l’agglomération de Toulouse, était assez enclavée malgré l’important nombre d’emplois qu’elle concentre. L’arrivée de ce nouveau moyen de transport a amené avec elle le développement de nouvelles lignes de bus, améliorant la mobilité des habitants du Sud de la métropole.

À la fin du mois d’août 2021, la ligne de bus 25 a ainsi fait son apparition, reliant le site de l’Oncopole à Colomiers en passant par Tournefeuille et Basso Cambo. Avec des voies réservées permettant une haute fréquence de passage (toutes les 10 minutes en heure de pointe) cette ligne de bus offre un moyen de transport efficace et écologique aux 85 000 emplois situés sur son tracé.

Vers une possible extension du service

Bien que les objectifs de fréquentation n’aient pas été atteint, le téléphérique urbain de Toulouse représente un important succès, et présente de nombreux avantages en termes de mobilité. Et c’est pour cette raison que le territoire qu’il dessert va se retrouver bien plus élargi au cours des prochaines années. En effet, des projets d’extension du service ont été annoncés par Jean-Luc Moudenc lors d’une cérémonie célébrant le premier anniversaire de Téléo.

Tisséo prévoit ainsi deréaliser une extension à l’Ouest, reliant l’Oncopole à Basso Cambo, et une autre, à l’Est, reliant l’université Paul Sabatier à la zone de Montaudran Aérospace. Ce sont ainsi deux grands bassins d’emploi supplémentaires qui seront desservis par le téléphérique. Celui-ci reliera par ailleurs les trois lignes de métro, avec la ligne A à Basso Cambo, la ligne B et à l’Université Paul Sabatier et la ligne C à Montaudran.

Ces extensions vont être rédigées dans le prochain Plan de Déplacement Urbain de Toulouse Métropole, après de nombreuses études. Ces extensions devraient en théorie pouvoir voir le jour à l’horizon 2035-2040.

L’extension Est pourrait par ailleurs être étendue par la suite jusqu’à Saint-Orens-de-Gameville, en passant par Malepère. Ces travaux d’agrandissement ne seront cependant pas effectués dans l’immédiat, le bon fonctionnement de la portion actuelle de Téléo demeurant la priorité.

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