Nouveau ministre du logement 2024 : Valérie Létard est nommée au gouvernement Barnier
Après des semaines de spéculations et d’attente, le nouveau premier ministre Michel Barnier vient de présenter sa liste pour le nouveau gouvernement. C’est Valérie Létard qui est nommée à la tête du ministère du Logement, remplaçant ainsi Guillaume Kasbarian. Un ministère désormais de plein exercice, et non plus rattaché au ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.
Valérie Létard, figure politique reconnue pour son engagement en faveur de la rénovation urbaine et de l'habitat social, est appelée à diriger un portefeuille ministériel devenu essentiel dans un contexte de crise du logement. Son expérience et son parcours politique contrastent avec le profil plus technique de son prédécesseur, ce qui pourrait annoncer un changement de cap dans la gestion des politiques publiques en matière de logement.
Guillaume Kasbarian, quant à lui, laisse derrière lui un bilan controversé, marqué notamment par des réformes ayant suscité de vifs débats, comme la loi anti-squat. Son départ ouvre la voie à une nouvelle ère pour le ministère, où Valérie Létard devra concilier urgence sociale et impératifs économiques, et les attentes sont élevées pour cette ancienne vice-présidente du Sénat. Sa nomination, désormais acceptée, suscite à la fois espoir et interrogation quant aux priorités qu’elle fixera pour relancer un secteur en difficulté.
Valérie Létard : Parcours de la nouvelle ministre du Logement
Valérie Létard, originaire d’Orchies dans le Nord, est une personnalité politique de longue date, reconnue pour son engagement sur les questions sociales et environnementales. Elle commence sa carrière en tant que fonctionnaire avant de se lancer dans la politique, où elle se distingue rapidement par son implication dans les dossiers de la rénovation urbaine et du logement social.
Élue sénatrice du Nord en 2001, Valérie Létard se spécialise dans les problématiques de l’aménagement du territoire et de l’habitat jusqu’en 2007. Elle est ensuite nommée secrétaire d’État (d’abord à la Solidarité puis aux Technologies vertes et Négociations sur le climat) dans le gouvernement de François Fillon sous le mandat de Nicolas Sarkozy jusqu’en 2010. À la suite de quoi elle reprendra son poste au Sénat jusqu’en 2023.
Sa carrière au Sénat est marquée par plusieurs rapports d’importance, notamment celui sur la politique de la ville qu'elle qualifie de "tremplin pour les habitants" en 2022. Elle y défend une vision proactive de l’urbanisme et de l’habitat, plaidant pour un meilleur usage des fonds alloués à la construction de logements sociaux, et critique la gestion de certaines entités, comme Action Logement, qu’elle accuse de ne pas utiliser efficacement leur trésorerie pour construire des logements accessibles.
En 2017, elle est élue vice-présidente du Sénat, un poste qu’elle occupe jusqu’en 2023, marquant ainsi deux décennies d’influence au sein de la chambre haute. Durant cette période, elle est l’une des figures de proue de la défense des territoires ruraux et des zones urbaines sensibles, notamment à travers des propositions de lois visant à soutenir l’habitat dans les zones de revitalisation rurale.
Valérie Létard est également l’une des rares personnalités du Sénat particulièrement actives sur les questions de logement, qui se sont opposées aux tentatives de réduction du rôle du logement social.
Sa décision de ne pas se représenter aux élections sénatoriales de 2023, après vingt ans de service, semblait marquer la fin d’une ère dans sa carrière politique. Pourtant, c’est dans ce contexte de crise du logement que Valérie Létard fait son retour sur le devant de la scène, acceptant finalement de devenir ministre du Logement, un poste qu’elle avait pourtant refusé six ans plus tôt.
Elle refuse le poste de Ministre du Logement en 2017
En 2017, à l’aube du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, Valérie Létard se voit proposer le poste de ministre du Logement et de la Ville dans le gouvernement d’Édouard Philippe. Cette proposition arrive à un moment clé où le nouveau président cherche à rassembler une large coalition autour de son projet, incluant des personnalités politiques de divers horizons. Pour Valérie Létard, alors à la tête de l’Union des Démocrates et Indépendants (UDI) dans le Nord, l’offre est flatteuse, mais la politicienne préfère décliner.
Elle explique alors ne pas vouloir se rallier à un projet présidentiel avec lequel elle n’est pas totalement en phase. Malgré son respect pour le chef de l’État, elle estime qu’il serait incohérent de rejoindre un gouvernement dont elle ne partage pas entièrement les orientations politiques.
Une décision qui témoigne de son attachement à ses convictions et son indépendance politique. Valérie Létard, bien que reconnue pour ses compétences et son expertise dans les domaines de la ville et du logement, choisit de rester à l’écart du gouvernement Macron-Philippe, préférant continuer son action au Sénat. Ce choix n’a pas été sans conséquence sur sa carrière politique, certains y voyant une opportunité manquée, tandis que d'autres louaient sa cohérence et son refus de céder à l’appel des sirènes du pouvoir.
Alors que crise du logement actuelle est qualifiée de "sans précédent", un terme qu’elle emploie elle-même dans un message publié sur les réseaux sociaux le 17 septembre, elle fait une entrée attendue au ministère du Logement. Cette fois-ci, la situation semble suffisamment critique pour la convaincre de rejoindre le gouvernement Barnier et de prendre en main ce ministère qu’elle avait refusé auparavant.
Les objectifs et défis à relever pour la nouvelle ministre
En prenant la tête du ministère du Logement, Valérie Létard hérite d’un portefeuille marqué par des défis considérables. La crise du logement en France a atteint des proportions alarmantes, avec des tensions sur le marché immobilier, une pénurie de logements accessibles, et un nombre croissant de ménages en difficulté pour se loger décemment.
Le récent rapport de l’observatoire de la FPI sur la situation précaire du logement neuf au T2 2024 fait état de chiffres en chute libre sur tout le territoire (offre commerciale en baisse de 32% et –14% de réservations nettes de logements neufs à Toulouse par exemple).
Avec la fin du dispositif Pinel approchant à grands pas, Valérie Létard est attendue au tournant par toute la profession pour l’éventuelle proposition d’un nouveau dispositif de défiscalisation, afin de raviver l’intérêt des investisseurs et ainsi de relancer la production et l’achat de logements neufs.
Dès son entrée en fonction, la nouvelle ministre devra également faire face à des problématiques allant de la construction de logements sociaux à l'accession abordable en passant par la recherche de solutions pour les zones les plus touchées par la crise du logement.
Les particuliers attendent notamment des mesures pour favoriser l'accès à la propriété pour les classes moyennes, souvent exclues du marché immobilier par des prix en constante augmentation. Une piste de travail pourrait être de renforcer les dispositifs d'aide à l'achat, comme le prêt à taux zéro (PTZ), et de simplifier les démarches administratives pour les primo-accédants.
Valérie Létard devra aussi répondre à des situations d'urgence, notamment en matière d'hébergement des sans-abris et de prévention des expulsions locatives. Elle s'est déjà entretenue avec les associations de défense des locataires et les acteurs du logement social pour élaborer un plan d’action rapide. La question des squats, qui a été au cœur des débats sous le mandat de son prédécesseur, reste également un sujet brûlant. Elle devra trouver un équilibre entre protection des propriétaires et droit au logement pour les plus démunis.
La ministre est aussi d’ores et déjà sollicitée par la Confédération nationale du logement afin d’abandonner le projet de loi controversé sur le développement d'une offre de logements abordables. Critiquée par les associations pour sa proposition de mettre fin au logement social à vie, cette loi devra être repensée pour trouver un juste milieu entre flexibilité du parc locatif social et protection des locataires les plus vulnérables.
La ministre devra proposer des solutions adaptées aux réalités des métropoles, des villes moyennes et des zones rurales. Sa connaissance du terrain, acquise durant ses années au Sénat, pourrait être un atout pour mener à bien cette mission.
Des attentes très élevées donc, pour Valérie Létard, qui atterrit au gouvernement dans une période difficile pour le logement. Valérie Létard a promis de travailler en étroite collaboration avec l'ensemble des acteurs du logement pour relever ces défis. "L'heure est à l'action", a-t-elle affirmé, consciente que les solutions devront être à la hauteur des enjeux pour apaiser une situation devenue critique.
Ce qu’en disent les acteurs du logement
L'arrivée de Valérie Létard à la tête du Logement est perçue comme un signe positif par certains, tandis que d'autres s'interrogent sur sa capacité à apporter des solutions rapides et efficaces face à une crise qui s'aggrave.
La majorité présidentielle salue le choix d'une personnalité expérimentée et indépendante. Michel Barnier, le Premier ministre, a exprimé sa confiance en Valérie Létard pour "redresser une situation devenue intenable pour de nombreux Français". Au sein de l'opposition, les avis sont partagés. Si certains applaudissent la nomination d'une femme avec une telle expertise, d'autres craignent que ce changement n’entraîne qu’un replâtrage de façade sans réformes structurelles profondes.
Le parti socialiste a rappelé l’urgence de renforcer les politiques de logement social, tandis que les écologistes insistent sur la nécessité de concilier construction et respect de l’environnement, en évitant de céder à une bétonisation excessive des espaces naturels.
Les professionnels du secteur, tels que la Fédération française du bâtiment (FFB) et l’Union sociale pour l’habitat (USH), ont accueilli cette nomination avec prudence, mais aussi espoir. Jacques Chanut, président de l'assureur SMA-BTP et ancien président de la FFB, a déclaré que la nomination de Valérie Létard "va susciter beaucoup d'espoir" parmi les acteurs du bâtiment, espérant des mesures d’urgence pour relancer la construction de logements neufs.
De son côté, Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat, a salué l'arrivée d'une ministre "de plein exercice, enfin", après plusieurs années où le logement n’était qu’un ministère délégué. Elle salue l’arrivée de Valérie Létard, “une experte reconnue des sujets du logement et de la rénovation urbaine mais aussi une élue de terrain qui sait l’importance du logement social pour améliorer la vie de nos concitoyens modestes”.
“Valérie Létard connaît bien le secteur du logement, notamment social, localement dans l’agglomération de Valenciennes et nationalement au travers des nombreux travaux auxquels elle a participé au Sénat, avec souvent des sénatrices et sénateurs de groupes politiques différents”.
Fédération des offices publics de l’habitat (FOPH)