Habitat participatif à Toulouse : “Les Herbes Folles” au cœur du Faubourg Bonnefoy

Le quartier Bonnefoy accueille un programme immobilier participatif

Toulouse - Promotion immobilière - Morgane Caillière le 12/05/2025

À Toulouse, un îlot urbain du quartier Bonnefoy se transforme en laboratoire de cohabitation sociale, écologique et solidaire. Zoom sur “Les Herbes Folles”, une aventure architecturale et humaine qui redessine les contours du vivre-ensemble.

Bonnefoy : un quartier en transition, terrain fertile pour un habitat autrement

Dans le nord-est de Toulouse, le quartier Bonnefoy change de visage. Ancien faubourg ouvrier, cet espace longtemps enclavé est aujourd’hui au cœur d’une dynamique de renouvellement urbain, impulsée notamment par l’arrivée prochaine de la troisième ligne de métro. C’est dans ce contexte de mutation que s’inscrit le projet des Herbes Folles, un programme d’habitat participatif hors normes porté par le Comité Ouvrier du Logement (COL).

Initié en 2019, ce projet est l’un des lauréats de l’appel à projets “Dessine-moi Toulouse”, lancé par la métropole pour promouvoir des formes urbaines innovantes et plus inclusives. Les Herbes Folles ne sont pas un simple ensemble immobilier : il s’agit d’un tiers-lieu résidentiel et associatif, pensé et conçu avec les futurs habitants. Son implantation, au 37 chemin de Lapujade, prend place sur une ancienne friche, emblématique des vides urbains que la ville cherche à réinventer.

Un projet "Hors-Piste", collectif et éco-responsable

L’originalité des Herbes Folles réside dans son mode de conception. Dès les premières esquisses, les futurs habitants ont été associés aux réflexions avec l’aide de la SCIC Faire-Ville, urbaniste accompagnateur du projet. Réunions bimestrielles, ateliers collectifs et concertations ont rythmé l’élaboration du programme neuf.

Le projet comprend trois bâtiments : Rosa Verda, L’Atelier et Côté Parc, pour un total de 64 logements, du T2 au T5. L’architecture, signée notamment par le collectif Hors-Pistes Architectures, se veut respectueuse du contexte urbain et pensée pour favoriser les liens sociaux : escaliers partagés, coursives ouvertes, jardins collectifs, buanderie commune et même une cave à vin mutualisée.

La démarche vise également la performance écologique : isolation renforcée, gestion des eaux de pluie, zones de compostage, plantations d’arbres en pleine terre… Les Herbes Folles s’inscrivent dans une logique de sobriété énergétique et de résilience urbaine.

chantier de la station de métro dans le quartier Bonnefoy
©Maxamado

Des logements accessibles pour tous : BRS, location-vente et mixité revendiquée

Contrairement à la majorité des programmes immobiliers neufs, les Herbes Folles ne s’adressent pas uniquement à une population solvable. Pour garantir l’accessibilité financière, le projet propose trois modalités d’occupation :

Cette diversité d’accès permet de favoriser la mixité sociale et de bâtir une communauté véritablement représentative de la ville, où propriétaires et locataires cohabitent sur un pied d’égalité.

 

Un quartier laboratoire de solidarités et de culture

À Toulouse, le projet des Herbes Folles ne se limite pas à l’édification de logements participatifs. Il dessine une nouvelle manière d’habiter la ville, en combinant espaces de vie, activités culturelles et économie sociale et solidaire. Installé sur une ancienne friche industrielle du faubourg Bonnefoy, le site se transforme en un tiers-lieu hybride, pensé pour tisser des liens entre habitants, associations et riverains.

Au cœur du dispositif, un pôle d’économie sociale et solidaire (ESS) regroupe une dizaine de structures engagées dans l’économie circulaire. Parmi elles, Cycle-Re remet en état des vélos usagés tout en proposant des parcours d’insertion professionnelle.

Non loin, les Ateliers bois associatifs fabriquent du mobilier en bois de réemploi réutilisant les ressources issues de la déconstruction du site. Ces acteurs partagent des espaces communs – ateliers, salles de réunion, bureaux – dans une logique de mutualisation et de coopération. L’ensemble est reconnu comme Atelier Chantier d’Insertion.

Mais les Herbes Folles misent aussi sur la culture comme moteur de lien social. La Forêt Électrique, cinéma indépendant déjà implanté sur le site, est maintenue et réhabilitée dans le cadre du projet. Ce lieu atypique, à la fois salle de projection, bar associatif et fabrique artistique, accueille des films alternatifs, des ateliers de création et des résidences d’artistes. Intégré pleinement dans le projet immobilier, il devient un vecteur de mixité et d’ouverture culturelle, accessible à l’ensemble du quartier.

L’initiative ne s’arrête pas là : des espaces partagés ouverts aux habitants comme aux associations locales – buanderie collective, salle commune, jardin, ateliers – permettent une programmation d’événements participatifs. Portes ouvertes, ciné-débats, ateliers de réparation ou de jardinage : la vie du lieu se veut active, inclusive et collaborative.

Pensé comme un écosystème urbain coopératif, le projet revendique une porosité entre sphère privée et action publique. Chaque composante – logement, culture, ESS – est conçue pour dialoguer avec les autres. Une dynamique qui dépasse l’habitat pour devenir un projet de territoire, où les enjeux de transition écologique et d’inclusion sociale se conjuguent concrètement au quotidien.

Le modèle participatif en germination à Toulouse

Si l’habitat participatif reste encore marginal en France, son développement lent mais constant dans les grandes métropoles soumises à la pression foncière, montre que ce modèle est viable, désirable et reproductible.

Le chantier lancé au printemps 2025 pour une livraison attendue fin 2026, affiche déjà un taux de réservation de plus de 80 %, confirmant un intérêt grandissant des Toulousains pour cette nouvelle manière d’habiter, à la croisée de l’engagement citoyen, de l’écologie et de la solidarité.

Soutenu financièrement par Toulouse Métropole, la Région Occitanie et l’État, à hauteur de 845 000 euros, le projet des Herbes Folles a été distingué en 2022 par le label « Engagés pour la qualité du logement de demain ». Une reconnaissance institutionnelle qui salue la capacité d'un programme immobilier à conjuguer qualité architecturale, sobriété énergétique et gouvernance partagée.

couverture du livre réhabiter
engages-pour-la-qualite-du-logement-de-demain.archi.fr

À Toulouse, d’autres initiatives similaires esquissent les prémices d’un écosystème local de l’habitat participatif. Dans l’écoquartier de la Cartoucherie, la coopérative d’habitants Abricoop a donné naissance à " Aux Quatre Vents", un immeuble de 17 logements conçu en autopromotion. Là encore, l’accent est mis sur la mixité sociale, les espaces mutualisés et l’autonomie des habitants dans la gestion de leur lieu de vie. Le bâtiment, livré en 2017, fait aujourd’hui figure de pionnier en Occitanie.

Plus récemment, le programme Callisto, à Balma, explore une autre dimension de l’habitat participatif : celle du vieillissement actif. Porté par le Groupe des Chalets, ce projet expérimental vise à créer une résidence adaptée aux seniors, mêlant logements privatifs, espaces communs et entraide intergénérationnelle. L’objectif est de retarder la perte d’autonomie tout en favorisant le lien social, dans un cadre convivial et sécurisé.

Ces expériences montrent que l’habitat participatif à Toulouse répond à des besoins structurels : inaccessibilité croissante du marché immobilier, demande de logements écologiques, besoin de lien social dans les quartiers. En donnant aux habitants les moyens de concevoir et de gouverner leur habitat, ces projets dessinent une autre voie pour construire la ville de demain — plus inclusive, plus sobre, et humaine.

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