156 millions d’euros pour étendre le réseau de chaleur et réduire le CO₂ à Rennes
Rennes Métropole étend son réseau de chaleur au sud de la ville. Ce projet chiffré à 156 millions d'euros, prévoit l'ajout de 32 kilomètres de canalisations aux 46 kilomètres déjà existants. L’objectif est de réduire les émissions de CO2 de 670 000 tonnes sur la durée du contrat avec une chaleur produite exclusivement à partir d’énergies locales et renouvelables.
Une gouvernance ouverte et collaborative
Le projet sera géré sous une SEMOP, une société d’économie mixte à opération unique, avec la Banque des Territoires investissant à hauteur de 15 %. Engie Solutions s’occupera de la conception, de la construction et de l’exploitation du réseau.
Une nouveauté en France : 5 % de l’actionnariat seront réservés aux citoyens, renforçant leur implication dans le projet. Le contrat inclut également des engagements sociaux avec 1 800 heures d’apprentissage par an, 55 000 heures d’insertion tout au long du projet, et la création de 300 emplois locaux. Des initiatives à destination des jeunes sont également prévues en partenariat avec des associations locales telles que Blosn’up et We Ker.
Des travaux de grande ampleur dès 2025
Le chantier débutera en 2025 avec les premières interventions sur les réseaux dans les secteurs de Rennes et de Saint-Jacques-de-la-Lande.
Durant cette phase, 3 kilomètres de nouveaux réseaux seront installés pour desservir les quartiers Pigeon Blanc, Courrouze et Cleunay tandis que 2 kilomètres de réseau existant seront modernisés dans le quartier Bréquigny .
Au fil des années, l’extension se poursuivra pour atteindre les quartiers Gaité sud, le centre de Rennes, le sud Gare, Francisco-Ferrer, le Landry, ainsi que la ZI sud-est jusqu'à Chantepie. Les réseaux actuels seront également consolidés dans les quartiers de Bréquigny, du Blosne et de la Poterie.
En 2027, des travaux majeurs auront lieu pour la construction d’une chaufferie biomasse de 23 MW au Blosne, en complément des installations actuelles, et l’ajout d’une cuve d’hydrostockage pour répondre aux pics de demande. Par ailleurs, une seconde chaufferie biomasse de 21 MW sera érigée à Saint-Jacques-de-la-Lande, pour fournir de la chaleur aux nouveaux bâtiments raccordés à l’ouest.
Focus sur la chaufferie de Saint-Jacques
Rennes Métropole entame la construction d'une nouvelle chaufferie biomasse à Saint-Jacques-de-la-Lande cet automne, dans une zone entre la voie ferrée et le nouveau parc relais, à proximité du terminus de la ligne B du métro.
En complément de la chaufferie existante du Blosne, cette nouvelle chaufferie permettra de renforcer le réseau urbain, qui s'étend aujourd’hui sur 81 kilomètres et couvre plusieurs quartiers rennais comme le Blosne, La Poterie, Colombier, Saint-Hélier et Bréquigny. Ce réseau dessert déjà près de 31 000 logements grâce à des installations qui fonctionnent en partie avec des énergies renouvelables, notamment par l'incinération de déchets et l’utilisation de bois.
Un emplacement stratégique
La future chaufferie sera installée sur une parcelle de 4 000 m² située le long de la rocade et jouxtant la voie ferrée Rennes-Redon. Ce site stratégique, proche des habitations, permettra de faciliter la distribution de chaleur dans les zones d’habitat dense. Selon Marie Ducamin, maire de Saint-Jacques-de-la-Lande, cet emplacement a été choisi pour sa proximité avec les quartiers concernés, afin d’optimiser l’efficacité énergétique du réseau.
Cette installation fonctionnera principalement avec de la biomasse, incluant des résidus de bois et des déchets végétaux. Actuellement, 55 % de l’énergie du réseau provient de la valorisation de déchets et du bois ; l’objectif est d’atteindre 85 % d’énergies renouvelables et de récupération d’ici 2027, afin de réduire la dépendance au gaz.
Une énergie circulaire & locale
La chaleur sera produite à partir de bois collecté localement, contribuant du même coup à l’économie circulaire régionale. Engie Solutions s’associe aussi à Bâti Récup pour réutiliser 15 tonnes de matériaux provenant des travaux de modernisation de la chaufferie du Blosne, ainsi que d’autres matériaux de chantier et équipements techniques renouvelés dans le cadre de ce contrat.
Les réseaux de chaleur rennais en 2024
Quatre réseaux de chaleur desservent actuellement le territoire de Rennes Métropole, couvrant environ 110 000 habitants, majoritairement localisés à Rennes où le réseau s’étend vers les zones nord et est de la ville.
Le réseau de chauffage urbain s’étend sur 93 kilomètres au total au sein de Rennes Métropole, permettant une réduction de 41 000 tonnes de CO₂ par an, notamment grâce à l’Unité de Valorisation Énergétique (UVE), bien que cette installation soit temporairement hors service pour travaux.
Présentation des quatre réseaux de chaleur métropolitains
- Réseau Rennes Sud : Créé il y a plus de 40 ans, ce réseau historique dessert environ 30 900 équivalents logements, avec 262 points de livraison sur un linéaire de 46 km.
- Réseau Rennes Nord-Est : Issu de la fusion entre le réseau de Rennes Nord et celui de Rennes Est (en activité depuis 2015), il dessert 23 000 équivalent logements, dispose de 283 points de livraison et couvre 45 km. Ce réseau est classé, ce qui permet de rendre obligatoire le raccordement de nouveaux bâtiments situés à proximité.
- Réseau de Vezin-Le-Coquet : Mis en service en 2010, ce réseau plus récent dessert 562 logements et 6 autres équipements, avec 22 points de livraison sur 1,7 km.
- Réseau de Chartres-de-Bretagne : Opérationnel depuis 2017, ce réseau fournit de la chaleur à 168 logements via 8 points de livraison sur 1,5 km de réseau.
L’ensemble de ces réseaux assure une fourniture de chaleur produite à 48 % à partir d’énergies renouvelables et de récupération. Intégrés dans le Plan Climat-Air-Énergie Territorial (PCAET), ils contribuent à une diminution des émissions de gaz à effet de serre, grâce à une empreinte carbone plus faible que celle des énergies fossiles, notamment le gaz. Ces infrastructures participent à l’objectif de transition énergétique de la métropole, en s’appuyant sur des sources locales, telles que la valorisation des déchets ménagers et la biomasse.
En complément des réseaux publics, le territoire comprend des réseaux de chauffage privés, notamment celui desservant le campus universitaire de Beaulieu (Université Rennes 1).