
Investissement locatif en SCI : Fonctionnement, fiscalité et conseils pratiques
L’investissement locatif attire de nombreux particuliers et entrepreneurs souhaitant se constituer un patrimoine et générer des revenus passifs. Cependant, la gestion d’un bien immobilier à plusieurs peut rapidement devenir complexe, notamment en matière de prise de décisions et de transmission patrimoniale. C’est dans ce contexte que la Société Civile Immobilière (SCI) apparaît comme une solution particulièrement avantageuse.
La SCI permet à plusieurs associés de détenir et de gérer ensemble un ou plusieurs biens immobiliers tout en bénéficiant d’une souplesse de fonctionnement et d’optimisations fiscales intéressantes. Contrairement à l’indivision, qui impose un accord unanime pour toute décision importante, la SCI fonctionne selon des règles définies dans ses statuts, rendant la gestion plus fluide et sécurisée.
Mais comment fonctionne concrètement une SCI lorsqu’il s’agit d’investissement locatif ? Quels sont ses avantages fiscaux, ses contraintes juridiques et les étapes clés pour en créer une ? Nous vous proposons un guide complet, des démarches de création jusqu’aux stratégies d’optimisation fiscale, en passant par les modes de gestion et les précautions à prendre avant de se lancer.
Qu’est-ce qu’une SCI et pourquoi l’utiliser pour un investissement locatif ?
Définition et fonctionnement de la SCI
Une Société Civile Immobilière (SCI) est une structure juridique permettant à plusieurs personnes, appelées associés, d’acquérir et de gérer un bien immobilier en commun. Contrairement à une acquisition en indivision, où chaque propriétaire détient une quote-part sur l’ensemble du bien, la SCI est une entité distincte qui détient le patrimoine immobilier. Les associés possèdent alors des parts sociales proportionnelles à leurs apports financiers.
L’un des principaux intérêts de la SCI est sa souplesse de gestion. Les décisions sont prises selon les règles fixées dans les statuts, qui peuvent prévoir une majorité simple ou qualifiée pour certaines décisions, évitant ainsi les blocages courants en indivision. Un gérant est désigné pour assurer l’administration courante (encaissement des loyers, paiement des charges, gestion des contrats de location, etc.), ce qui facilite la gouvernance de la société.
SCI vs indivision : quelle différence ?
L’indivision est le régime par défaut lorsque plusieurs personnes achètent ensemble un bien immobilier, notamment en cas de succession. Chaque propriétaire indivis (indivisaire) détient une part du bien, mais toutes les décisions importantes nécessitent l’accord unanime des co-indivisaires. Cette rigidité peut devenir un obstacle en cas de désaccord entre les parties.
À l’inverse, la SCI offre une alternative plus structurée. Les associés détiennent des parts sociales, et non directement des fractions du bien immobilier. Cela leur permet de vendre ou transmettre plus facilement leur participation sans affecter l’ensemble du patrimoine. De plus, la gestion est centralisée entre les mains du gérant, évitant ainsi les conflits de gestion et facilitant la prise de décisions.
Si deux frères héritent d’un appartement en indivision, ils devront être d’accords sur toute décision importante (vente, travaux, location). En SCI, l’un des frères peut céder ses parts sans que cela n’implique la vente du bien.

Pourquoi utiliser une SCI pour un investissement locatif ?
L’investissement locatif via une SCI présente plusieurs avantages clés :
- ✅ Mutualisation des ressources : plusieurs associés peuvent réunir leurs capitaux pour investir dans un bien plus conséquent./li>
- ✅ Facilité de gestion : grâce au gérant et aux statuts, les décisions sont prises plus efficacement qu’en indivision.
- ✅ Optimisation fiscale : possibilité d’opter pour l’impôt sur les sociétés (IS) afin de maîtriser la fiscalité sur les revenus locatifs et les plus-values.
- ✅ Transmission patrimoniale facilitée : possibilité de donner progressivement des parts sociales à ses enfants en profitant d’abattements fiscaux.
Investir en LLI grâce à une SCI
Le dispositif Logement Locatif Intermédiaire est une solution d'investissement locatif qui a évolué en 2024. Initialement réservé aux investisseurs institutionnels, il est désormais accessible aux particuliers via une SCI.
Ce dispositif permet d'acquérir des logements neufs à des prix inférieurs de 15 à 18 % par rapport au marché, avec une TVA réduite à 10 % et un crédit d'impôt sur la taxe foncière pendant 15 à 20 ans. Les investisseurs doivent s'engager à louer le bien pendant au moins 15 ans, en respectant des plafonds de loyer et de revenus des locataires, dans des zones à forte demande locative.
Le LLI est un moyen de répondre à la crise du logement, avec pour objectif de pallier la demande grandissante de logements à loyers modérés pour les foyers aux revenus intermédiaires. En échange de cela, le dispositif incitatif permet aux investisseurs de profiter d’avantages fiscaux en se constituant un patrimoine et en générant des revenus complémentaires.
Tout savoir sur le LLI à RennesCréation et gestion d’une SCI pour un investissement locatif
Étapes de création d’une SCI
Rédaction des statuts
Les statuts sont l’acte fondateur de la SCI. Ils définissent son fonctionnement et doivent contenir plusieurs mentions obligatoires :
- La dénomination sociale (nom de la SCI)
- L’objet social, qui précise que la société a pour but d’acquérir et gérer des biens immobiliers
- L’adresse du siège social (qui peut être le domicile du gérant)
- Le montant du capital social (fixe ou variable) et la répartition des parts entre les associés
- Les règles de prise de décisions et les pouvoirs du gérant
Les statuts doivent être rédigés avec soin car ils fixent les règles du jeu entre les associés et peuvent éviter de nombreux litiges à l’avenir. Faire appel à un notaire ou un avocat est fortement conseillé pour s’assurer de leur conformité.
Dépôt du capital social
Le capital social d’une SCI peut être constitué d’apports en numéraire (argent) ou d’apports en nature (bien immobilier, terrain, etc.). Contrairement aux sociétés commerciales, il n’y a pas de capital minimum requis, mais le dépôt des fonds auprès d’une banque est recommandé pour officialiser la création de la société.
Publication d’un avis de constitution
Pour informer les tiers de la création de la SCI, il est obligatoire de publier une annonce dans un journal d’annonces légales (JAL). Cette étape permet de rendre la société publique et d’officialiser son existence.

Immatriculation au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS)
La dernière étape consiste à enregistrer la SCI auprès du guichet unique des formalités des entreprises. Le dossier d’immatriculation doit comprendre :
- Les statuts signés
- L’attestation de dépôt du capital social
- L’avis de publication dans un JAL
- Une déclaration des bénéficiaires effectifs (pour identifier les associés)
Une fois cette étape validée, la SCI reçoit son extrait Kbis, qui fait office de "carte d’identité" et lui permet d’effectuer des transactions officielles (achat immobilier, ouverture d’un compte bancaire, etc.).
Acquisition et financement des biens immobiliers
Une SCI peut acheter un bien immobilier par ses propres fonds ou en souscrivant un emprunt bancaire.
L’emprunt bancaire en SCI
Les banques peuvent accorder un crédit immobilier à la SCI, mais elles demandent souvent que les associés se portent caution personnelle. Cela signifie que si la SCI ne rembourse pas son prêt, la banque pourra se tourner vers les associés pour exiger le paiement.
À noter que les banques sont généralement plus exigeantes avec les SCI qu’avec un emprunteur particulier. Elles peuvent demander un apport plus conséquent et des garanties solides.
Répartition des charges et des dettes
En SCI, toutes les dépenses liées au bien immobilier (taxes, travaux, frais de gestion, charges de copropriété…) sont supportées par les associés au prorata de leurs parts sociales. Cela permet une répartition équitable des coûts entre les membres.
Gestion locative en SCI
Location nue ou location meublée ?
Le choix entre location nue et location meublée a un impact direct sur la fiscalité :
Location nue : revenus fonciers imposés à l’impôt sur le revenu (IR) dans la catégorie des revenus fonciers.
Location meublée : considérée comme une activité commerciale, elle entraîne une imposition à l’impôt sur les sociétés (IS), ce qui change complètement la fiscalité de la SCI.
Gestion quotidienne et rôle du gérant
Le gérant de la SCI joue un rôle important dans l’administration quotidienne du bien:
- Il perçoit les loyers et gère les relations avec les locataires
- Il paie les charges et impôts liés au bien
- Il s’occupe des travaux et de l’entretien du logement
- Il représente la SCI devant les tiers (banques, administrations…)
Les statuts peuvent limiter ses pouvoirs, par exemple en exigeant l’accord des associés pour vendre un bien ou réaliser de gros travaux.
Répartition des bénéfices entre associés
Les loyers perçus par la SCI sont redistribués aux associés en fonction de leurs parts. Chaque associé doit déclarer sa part des revenus locatifs et payer l’impôt correspondant.
⚠️ À noter : Si la SCI est à l’IS, elle est imposée sur ses bénéfices avant de pouvoir redistribuer les loyers sous forme de dividendes.

La fiscalité de l’investissement locatif en SCI
L’un des points essentiels à considérer avant de créer une SCI pour un investissement locatif est la fiscalité. Le régime fiscal choisi influencera directement la rentabilité du projet, la manière dont les revenus locatifs sont imposés et les obligations comptables de la société.
Impôt sur le revenu (IR) ou impôt sur les sociétés (IS) ?
Par défaut, une SCI est soumise à l’Impôt sur le Revenu (IR), ce qui signifie que les revenus locatifs générés sont directement imposés chez les associés, en fonction de leur part dans la société. Toutefois, il est possible d’opter pour l’Impôt sur les Sociétés (IS), qui entraîne une imposition différente mais offre aussi certains avantages.
La SCI soumise à l’IR : un régime simple et transparent
Dans ce cas, la SCI n’est pas imposée directement. Ce sont les associés qui déclarent leur quote-part des revenus locatifs dans la catégorie des revenus fonciers de leur déclaration d’impôt personnelle.
✅ Avantages :
- Pas de double imposition : les loyers sont directement imposés chez les associés sans taxation préalable au niveau de la société.
- Facilité de gestion : pas d’obligation de tenir une comptabilité d’entreprise complète.
- Possibilité d’utiliser le régime du déficit foncier : si la SCI supporte des charges (travaux, intérêts d’emprunt, charges de copropriété) supérieures aux revenus locatifs, ce déficit peut être imputé sur les revenus des associés (jusqu’à 10 700 € par an sur les revenus globaux).
⚠️ Inconvénients :
- Imposition personnelle des associés : les loyers sont ajoutés aux autres revenus, ce qui peut faire grimper le taux d’imposition, surtout pour les contribuables fortement taxés.
- Pas d’amortissement du bien : contrairement à l’IS, où il est possible d’amortir le bien pour réduire l’impôt, à l’IR, la déduction des charges est plus limitée.
- Plus-value imposée au régime des particuliers en cas de vente du bien, avec une exonération progressive après 22 ans de détention (pour l’impôt sur le revenu) et 30 ans (pour les prélèvements sociaux).
L’option de l’IS : une fiscalité optimisée pour certains profils
En choisissant d’être imposée à l’IS, la SCI devient une entité fiscalement indépendante : les loyers sont imposés au niveau de la société et les associés ne sont taxés que lorsqu’ils perçoivent des dividendes.
✅ Avantages :
- Taux d’imposition potentiellement plus avantageux : 15 % jusqu’à 42 500 € de bénéfices, 25 % au-delà.
- Possibilité d’amortir le bien : la SCI peut déduire l’amortissement du bien et ainsi réduire son bénéfice imposable, ce qui n’est pas possible en IR.
- Réduction de l’imposition immédiate : contrairement à l’IR, les bénéfices réinvestis dans la SCI ne sont pas directement taxés chez les associés.
⚠️ Inconvénients :
- Double imposition : les bénéfices sont taxés au niveau de la SCI, puis les dividendes sont imposés chez les associés lors de leur distribution.
- Régime fiscal irrévocable : une fois la SCI passée à l’IS, il est impossible de revenir à l’IR.
- Imposition plus lourde sur les plus-values : en cas de revente d’un bien, la plus-value est calculée sur la valeur nette comptable (prix d’achat - amortissements), ce qui peut entraîner une taxation importante.
Une SCI qui loue un appartement à 1 500 €/mois, avec 500 € de charges mensuelles, dégagerait un bénéfice annuel de 12 000 €.
- À l’IR, ces 12 000 € sont directement imposés chez les associés, souvent à des taux élevés.
- À l’IS, la SCI peut amortir le bien et réduire son bénéfice imposable, ce qui diminue la charge fiscale immédiate.

TVA et autres charges fiscales
Dans la majorité des cas, une SCI n’est pas soumise à la TVA, car la location de biens immobiliers à usage d’habitation est exonérée de TVA. Toutefois, il existe certaines exceptions :
- Location de locaux professionnels soumis à TVA : si la SCI loue des bureaux ou des commerces, elle peut être assujettie à la TVA (20 %).
- Location meublée ou services inclus : si la SCI propose des services hôteliers (ménage, petit-déjeuner, réception…), elle devient redevable de la TVA.
- SCI construction-vente : si la société construit des biens pour les revendre, elle est obligatoirement assujettie à la TVA.
Autres charges fiscales à prendre en compte
- Taxe foncière : due chaque année par la SCI ou refacturée aux locataires.
- Prélèvements sociaux (17,2 %) : s’appliquent sur les revenus fonciers pour les SCI à l’IR.
- Droits d’enregistrement (5 %) : en cas de cession de parts sociales.
Avantages et inconvénients de l’investissement locatif en SCI
Investir en Société Civile Immobilière (SCI) pour un projet locatif présente de nombreux avantages en termes de gestion, de fiscalité et de transmission patrimoniale. Toutefois, cette structure juridique comporte aussi des contraintes, notamment administratives et fiscales, qui doivent être prises en compte avant de se lancer.
Les avantages
Une gestion simplifiée et structurée : Les statuts définis permettent une prise de décision plus souple. Un gérant est désigné pour assurer l’administration quotidienne du bien, facilitant ainsi la gestion locative.
Une répartition flexible des parts sociales : Chaque associé détient des parts sociales, ce qui permet une répartition des bénéfices et des charges, proportionnelle aux apports de chaque associé.
Un accès facilité au crédit immobilier : Les banques sont souvent plus enclines à accorder un prêt à une SCI qu’à un groupe d’indivisaires. Cependant, elles exigent généralement que les associés se portent cautions personnelles.
Une fiscalité adaptable selon le régime choisi : La SCI peut opter pour l’impôt sur le revenu (IR), permettant aux associés d’intégrer les revenus locatifs à leur propre déclaration fiscale, ou pour l’impôt sur les sociétés (IS), pour bénéficier de la déduction de nombreuses charges, notamment l’amortissement du bien, ce qui réduit le bénéfice imposable.
Un outil de transmission patrimoniale performant : Créer une SCI permet d’anticiper la transmission d’un bien immobilier en cédant progressivement des parts sociales aux héritiers, tout en bénéficiant des abattements fiscaux (donations exonérées ou de droit commun de 100 000 € tous les 15 ans, démembrement...).
Protection du patrimoine personnel : La SCI étant une personne morale distincte, elle protège partiellement le patrimoine personnel des associés en cas de difficultés financières. Les dettes sont supportées par la SCI elle-même.

Les inconvénients
Des formalités de création et de gestion contraignantes : Rédaction des statuts, immatriculation au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS), tenue d’assemblées générales annuelles et établissement de procès-verbaux... Une gestion rigoureuse est nécessaire pour respecter les obligations comptables et fiscales.
Une responsabilité illimitée des associés : Contrairement aux sociétés à responsabilité limitée (SARL, SAS), les associés d’une SCI sont responsables indéfiniment des dettes de la société, à hauteur de leurs parts sociales. En cas de difficultés financières, si la SCI ne peut pas honorer ses engagements, les créanciers peuvent se tourner vers le patrimoine personnel des associés.
Un coût de fonctionnement plus élevé : Frais de création (rédaction des statuts, publication dans un journal d’annonces légales, immatriculation), frais comptables, honoraires juridiques et fiscaux si un expert est sollicité, droits d’enregistrement de 5 % en cas de cession de parts sociales...
Une fiscalité plus lourde en cas de mauvaise optimisation : Une SCI à l’IR peut faire grimper l’imposition personnelle des associés, notamment pour ceux déjà dans des tranches fiscales élevées. Une SCI à l’IS entraîne une double imposition (impôt sur les bénéfices + impôt sur les dividendes perçus par les associés). La cession d’un bien par une SCI à l’IS peut être fortement taxée, car la plus-value est calculée sur la valeur nette comptable après amortissement.
Des restrictions sur l’activité commerciale : Par nature, une SCI est une société civile, ce qui signifie qu’elle ne peut pas exercer d’activité commerciale. Cela exclut l’achat-revente immobilier ou la location meublée, sauf en optant pour l’IS, ce qui change complètement la fiscalité.
Dissolution d’une SCI : comment sortir de l’investissement ?
La dissolution d'une SCI, bien qu'encadrée, peut être nécessaire pour diverses raisons : fin de l'objet social, désaccords, difficultés financières ou échéance statutaire. La procédure se déroule en plusieurs étapes :
- Décision et nomination d'un liquidateur : Les associés votent la dissolution en assemblée générale extraordinaire et désignent un liquidateur pour vendre les biens, régler les dettes et répartir l'actif.
- Publication et liquidation : Un avis de dissolution est publié, le liquidateur vend les actifs, rembourse les dettes, et distribue l'excédent (boni de liquidation) ou demande aux associés de combler le déficit.
- Clôture et radiation : Après approbation des comptes de liquidation, le liquidateur demande la radiation de la SCI au registre du commerce et des sociétés (RCS).
Les conséquences fiscales incluent :
- L'impôt sur les plus-values immobilières, variable selon le régime fiscal de la SCI (IR ou IS).
- La taxation du boni de liquidation (2,5 % du montant distribué).
- La responsabilité fiscale des associés, qui doivent déclarer leur part des bénéfices ou du boni.