
Le Vallon des Gohards : un quartier en devenir à Nantes

À l'est de Nantes, le quartier Vallon des Gohards sort peu à peu de terre. Dans le sillage du vaste projet Doulon Gohards, ce nouveau quartier mêle habitat, agriculture urbaine, espaces naturels et engagement écologique. Il prévoit à l'horizon 2026, la livraison de 207 logements neufs en locatif social et en accession abordable. On fait le point sur le projet.
Doulon-Gohards : la reconquête d'un territoire
Initiée dès 2016 par Nantes Métropole, l'opération Doulon-Gohards vise à réconcilier la ville avec ses sols nourriciers tout en répondant à la tension croissante sur le logement dans la métropole.
Situé dans le nord-est de la ville, sur une superficie totale de 180 hectares, le projet mêle 100 hectares d’espaces naturels ou agricoles à 80 hectares urbanisables, avec une ambition claire : faire cohabiter logements, biodiversité, production agricole et équipements publics. Ce parti pris d’urbanisme « fertile » est devenu la marque de fabrique du projet.
Dès le départ, la métropole a misé sur la concertation citoyenne, en associant riverains, associations et urbanistes à chaque étape. Ce dialogue a permis d’ajuster le projet, en donnant plus de place aux espaces naturels, à l’agriculture urbaine et au logement abordable.
Le Vallon des Gohards, en cours d’aménagement, est la première pièce visible de cette transformation : un quartier-test, entre ville et nature, pensé pour durer.
Trame verte, mobilité douce et écosystèmes intégrés
Au cœur du projet du Vallon des Gohards, le paysage est la matrice du quartier. La topographie naturelle du site, marquée par la présence d’un vallon, a été conservée comme épine dorsale écologique autour de laquelle s’organise l’aménagement. Le ruisseau des Gohards, longtemps canalisé ou enfoui, retrouve ici sa place dans un milieu humide restauré, pour favoriser la biodiversité et la régulation naturelle des eaux.
Ce choix d’un urbanisme guidé par le terrain, plutôt que l’inverse, se traduit par une organisation douce et organique de l’espace : petites unités bâties, mail piéton végétalisé, liaisons cyclables vers le cœur de Nantes et les quartiers voisins.
Les bâtiments ne s’alignent pas en blocs rigides mais épousent les reliefs, s’ouvrent sur les vues, laissent passer la lumière et l’air. Le végétal structure le quartier autant que le bâti : trames vertes, noues paysagères, haies bocagères, vergers collectifs… autant d’éléments qui prolongent l’identité agricole de Doulon tout en assurant la continuité écologique du site.
Archipel, Naturéo, Biôme : la première vague d’habitat du quartier
Le Vallon des Gohards se veut être un véritable chantier de mixité résidentielle. La première séquence, actuellement en œuvre côté nord-ouest, prévoit 207 logements répartis entre quatre îlots baptisés Archipel, Naturéo, Arboréôme et Biôme. La répartition répond au triptyque voulu par Nantes Métropole : logement social (53 unités), accession abordable en Bail Réel Solidaire (65 unités) et accession libre pour le solde. Objectif : offrir dans un même îlot des appartements destinés à des profils très différents, du primo-accédant à l’investisseur.
Chaque immeuble, limité à R+3, s’habille de façades bois ou de briques de teinte claire, en cohérence avec la charte architecturale de la ZAC ; les loggias profondes et les terrasses sur attique prolongent les séjours vers le paysage. À l’intérieur, la gamme va du studio au T5 familial, avec une attention particulière portée aux volumes traversants et aux orientations multiples pour maximiser la lumière naturelle.
Matériaux vertueux et labels exigeants
Deux des programmes viseront le Label Bâtiment Biosourcé niveau 2, gage d’une part importante de bois et d’isolants végétaux dans la structure, tandis que tous les bâtiments respecteront un seuil carbone inférieur à celui imposé par la RE2020. Par ailleurs, la chaufferie collective sera alimentée à 80 % par le réseau de chaleur métropolitain, lui-même majoritairement issu de la valorisation énergétique des déchets.
Les premières clés sont attendues fin 2026. D’ici là, la phase 2, déjà dessinée prolongera le quartier vers le sud, portant à terme le secteur du Vallon à près de 400 logements, toujours sous le signe de la biodiversité et du vivre-ensemble.
Conciergerie, mobilité, loisirs : les atouts du futur quartier
Au Vallon des Gohards, les rez-de-chaussée accueillent des équipements et des services pensés pour les habitants du quartier. Chaque îlot accueillera des locaux vélos “XXL” capables d’abriter triporteurs et de recharger les batteries des VAE, tandis qu’un pôle mobilité regroupera atelier d’auto-réparation et bornes de partage de vélos-cargo. Pour limiter la place de la voiture, un silo mutualisé de 207 places sera relégué en lisière ; les cheminements intérieurs, eux, resteront entièrement piétons.
La convivialité s’ancrera autour d’une conciergerie de quartier (casiers à colis, outils en prêt, café-associatif) dont la programmation sera co-construite avec les futurs habitants. Juste à côté : salle polyvalente, ressourcerie et « cabane à outils » ouvriront leurs portes aux bricoleurs du dimanche comme aux initiatives solidaires.
Côté plein air, chaque cœur d’îlot réservera un jardin partagé déjà doté de bacs potagers et d’un verger naissant ; le ruisseau remis à ciel ouvert devient promontoire pédagogique sur la biodiversité locale. Des placettes ombragées s’égrèneront le long du mail piéton pour accueillir marchés éphémères ou cinéma de plein air.
Enfin, la connexion au reste de Nantes s’appuiera sur la ligne Chronobus C7 renforcée, des pistes cyclables maillées avec le centre-ville et un arrêt de tramway projeté à l’horizon 2030.
Un socle éducatif et culturel déjà posé
Au-delà des logements, le quartier s'appuie sur la présence de plusieurs équipements. Première pierre : le groupe scolaire Claire-Brétécher, inauguré en septembre 2023. Construit en ossature bois autour de deux cours végétalisées, il aligne déjà 16 classes et pourra en accueillir vingt à terme. De la maternelle à l’élémentaire, les enfants bénéficient d’espaces lumineux, d’un restaurant scolaire panoramique et d’un gymnase mutualisable avec les associations du quartier.
Une crèche "nature" en gestation
Pour la petite enfance, une crèche de 60 places sortira de terre en lisière du ruisseau restauré ; son ouverture est annoncée pour 2029. Pensée comme un cocon paysager, elle initiera les tout-petits à la biodiversité du vallon grâce à des cheminements pédagogiques et à des jardins sensoriels.
Cap sur la culture et les loisirs
Côté arts et spectacles, le quartier accueillera le Port des Arts Nomades, un équipement unique dédié aux arts du cirque et de la rue. D’une surface de 4 500 m², chapiteaux inclus, il ouvrira ses portes au printemps 2029 après deux ans de chantier et mobilisera 17 M€ d’investissement municipal.
Objectif : offrir une salle d’entraînement, des résidences d’artistes, un pôle d’innovation circassienne et des représentations grand public sous chapiteau.
Enfin, un centre de loisirs et des terrains de sport de proximité complèteront l’offre, tandis que des cheminements sécurisés relieront ces équipements aux stations Chronobus et aux futures pistes cyclables structurantes.
Agriculture urbaine et restauration écologique
Longtemps maraîchère, la plaine de Doulon redevient un paysage productif. Sur les 8 hectares préservés au cœur du Vallon, cinq fermes urbaines sont déjà installées ou en cours de sélection par Nantes Métropole : légumes bio, micro-pousses, houblon local et fleurs comestibles composeront bientôt une mosaïque de cultures en circuits courts. Chaque parcelle est attribuée pour dix ans renouvelables, avec un loyer agricole modéré afin de sécuriser l’activité des jeunes maraîchers.
Un dispositif d'agro-quartier
Plutôt que de cantonner ces fermes à un rôle de décor, la Ville a créé un fonds d’innovation alimentaire : il finance la formation des agriculteurs aux débouchés urbains (cantines scolaires, restaurateurs, paniers d’AMAP) et la construction d’une halle de vente directe en pied d’immeuble. L'objectif est de faire transiter 40 % de la production du Vallon vers les foyers du quartier dès 2028.
Ruisseau renaturé au service de la faune locale
Au centre du site, le ruisseau des Gohards était jadis busé ; il s’écoule désormais à ciel ouvert dans un lit élargi, bordé de noues et de berges plantées de phragmites. Cette renaturation, encadrée par l’Office français de la biodiversité, a déjà permis le retour du triton crêté, espèce protégée repérée lors des inventaires 2024. Des passerelles en bois sur pilotis laissent filer le corridor écologique sans le piétiner.
Trames vertes et espace pédagogique
Autour des fermes, le plan masse préserve 100 hectares de zones naturelles (prairies humides, bosquets, haies bocagères) qui servent de refuge aux pollinisateurs et aux oiseaux de plaine. Des sentiers d’interprétation ponctués de panneaux réalisés avec la LPO expliquent la gestion différenciée des espaces, tandis qu’un « observatoire des saisons » invite les habitants à relever la date des premières floraisons ou des migrations de grues.
Une boussole carbone pour guider le quartier
Vallon des Gohards répond à un cahier des charges strict en matière de neutralité carbone. Cette charte a d'ailleurs été signée par chaque promoteur. Les bâtiments doivent afficher une empreinte inférieure de 20 % au seuil RE 2020 carbone, avec un objectif moyen de 12 kg CO₂/m² SDP sur le cycle de vie. Pour y parvenir, la part de matériaux biosourcés (bois, isolants végétaux, briques de terre crue) atteint 38 % du tonnage structurel dans les programmes Archipel et Biôme, labellisés « Bâtiment Biosourcé niveau 2 ».
Sobriété et production locale
- Chaufferie biomasse + réseau de chaleur : 80 % des besoins couverts par la valorisation des déchets du pôle métropolitain Arc-en-Ciel.
- Toitures photovoltaïques : 2 000 m² de panneaux installés en autoconsommation collective ; chaque copropriété partage la production via un contrat d’autoconsommation organisé par la Semitan énergie ; gain moyen estimé : –15 % sur la facture électrique.
- Rafraîchissement passif : brise-soleil orientables, façades à ventilation traversante et stores extérieurs pilotés par capteurs d’ensoleillement.
Gestion de l'eau
Le vallon agit comme éponge urbaine : 100 % des eaux pluviales de toiture sont dirigées vers des noues ou toitures végétalisées ; l’infiltration et l’évapotranspiration réduisent de 70 % les rejets en réseau par rapport à un quartier classique.
Les allées piétonnes emploient un béton drainant de dernière génération (perméabilité : 160 l/h/m²). Les eaux grises de la crèche seront filtrées par un système de plantes macrophytes, avant d’être réutilisées pour l’arrosage des jardins partagés.
Sols et biodiversité
La ville s’est fixé un principe de « zéro artificialisation nette » : pour chaque mètre carré construit, un autre mètre est rendu à la nature par désimperméabilisation ou création de prairie humide. Un suivi décennal confié à l’Observatoire nantais de la Biodiversité mesurera l’évolution des espèces phares : triton crêté, chauves-souris noctules et orchidées sauvages repérées lors de l’inventaire 2024.
Résilience et participation citoyenne
En cas de canicule, trois « refuges climatiques » (salles communes ventilées, brumisation à eau recyclée) resteront ouverts 24 h/24. Les riverains géreront un « budget carbone » collectif : un affichage public comparera les émissions réelles à la cible fixée, et les économies réalisées financeront de petites initiatives complémentaires (façades végétalisées, bornes solaires, etc.).
F.A.Q
Où se situe exactement le Vallon des Gohards ?
Le Vallon des Gohards occupe la partie nord-ouest de la ZAC Doulon-Gohards, à l’est de Nantes, entre le quartier Vieux-Doulon et la route de Sainte-Luce.
Combien de logements sont prévus ?
La première phase en chantier comprend 207 logements. À terme, le Vallon devrait en compter près de 400, dans un ensemble global Doulon-Gohards estimé à 2 700 logements.
Quelle répartition entre logements sociaux et privés ?
Le projet respecte la grille 25 % social, 30 % intermédiaire (dont bail réel solidaire) et 45 % accession libre, afin de garantir une véritable mixité.
Quelles seront les dates clés du calendrier ?
- 2023 : ouverture de l’école Claire-Brétécher
- Fin 2026 : livraison des premiers immeubles du Vallon
- 2028 : mise en service du pôle mobilité et de la halle de vente directe
- 2029 : ouverture de la crèche « nature » et du Port des Arts Nomades
Quelles solutions de transport sont prévues ?
Le secteur sera desservi par la ligne Chronobus C7 renforcée, de nouvelles pistes cyclables et, à l’horizon 2030, un arrêt de tramway reliant directement le centre-ville.
En quoi le projet est-il « fertile » ?
Huit hectares sont dédiés à cinq fermes urbaines, aux jardins partagés et à des prairies humides. L’objectif est de fournir environ 40 % de légumes en circuit court aux habitants du quartier.
Comment la biodiversité est-elle protégée ?
Le ruisseau des Gohards a été renaturé, la trame verte préserve 100 ha d’espaces naturels, et un suivi décennal de la faune (tritons, chauves-souris, orchidées) est assuré par l’Observatoire nantais de la Biodiversité.