Logements électriques et DPE 2026 : qui gagne avec le nouveau mode de calcul ?

Nouveau DPE 2026 : ce qui va changer au 1er janvier pour les logements chauffés à l’électricité

Nantes - Promotion immobilière - Morgane Caillière le 26/11/2025

À partir du 1ᵉʳ janvier 2026, le diagnostic de performance énergétique (DPE) va de nouveau évoluer. L’État abaisse le coefficient de conversion de l’électricité de 2,3 à 1,9, ce qui devrait faire sortir plusieurs centaines de milliers de logements du statut de “passoires thermiques” sans travaux. Focus...

Le DPE, devenu pivot du marché locatif

Avec près de 4 millions de diagnostics réalisés chaque année selon le ministère de la Transition écologique, le DPE a changé de statut. Simple indicateur à sa création en 2006, il est devenu juridiquement opposable aux vendeurs et bailleurs via la loi ÉLAN de 2018.

Sa structuration s’est poursuivie avec la loi Énergie-Climat de 2019 et la refonte majeure de 2021. Depuis cette date, l’évaluation a abandonné l’analyse sur factures au profit de la méthode de calcul conventionnelle "3CL", qui s'appuie exclusivement sur les caractéristiques physiques du bâti, l'isolation et les équipements de la zone climatique.

Cette uniformisation méthodologique a toutefois nécessité plusieurs correctifs avant la réforme de 2026. Dès l'été 2021, une première révision technique a été opérée suite à des anomalies détectées sur le parc ancien.

Plus récemment, les échéances de juillet 2024 et 2025 ont permis d'ajuster le tir pour les surfaces inférieures à 40 m². Ces petits logements , pénalisés par le poids relatif de leur ballon d'eau chaude et leurs déperditions thermiques, se trouvaient artificiellement surclassés en étiquettes F ou G avant cette modification.

Ces ajustements techniques interviennent dans un contexte normatif strict, dicté par la loi Climat et Résilience. Le calendrier d’exclusion est désormais enclenché : depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, les logements classés G sont interdits à la location en métropole. Cette restriction s'étendra aux classes F en 2028, puis aux classes E en 2034. À l'aube du nouveau mode de calcul 2026, l'étiquette énergétique ne se contente plus d'informer : elle conditionne directement la valeur vénale du bien et le droit d'en tirer un revenu locatif.

Ce qui change au 1ᵉʳ janvier 2026 : un coefficient électrique à 1,9

Le cœur du dispositif repose sur une modification technique déterminante pour la note finale : le coefficient de conversion de l’électricité en énergie primaire. Ce ratio, utilisé pour convertir la consommation réelle (facturée) en classe énergétique, va connaître sa troisième révision majeure.

Fixé à 2,58 jusqu’en 2019, puis abaissé à 2,3 lors de la refonte de 2021, il s’établira à 1,9 dès le 1ᵉʳ janvier 2026. Officialisée par un arrêté du 13 août 2025, cette mesure aligne désormais la France sur la valeur de référence européenne.

L'exécutif présente cet ajustement comme une mesure d'équité vis-à-vis des autres énergies. Le communiqué conjoint des ministères de l’Économie et de la Transition écologique du 26 août 2025 précise l'objectif de la manœuvre :

« Cette évolution vise à corriger une inégalité de traitement pénalisant l’électricité […] au profit du gaz ou du fioul importés. Elle permettra d’améliorer le DPE de certains logements chauffés à l’électricité. Aucun logement ne verra son étiquette baisser. »

Au-delà de l'aspect comptable, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, assume une volonté politique de fléchage des investissements vers la décarbonation. Selon elle, cette révision du calcul envoie « un signal fort en faveur de l’électrification des logements et de la sortie des chaudières fossiles », encourageant implicitement le remplacement des équipements polluants par des solutions électriques performantes comme les pompes à chaleur.

Combien de logements concernés et quels effets sur les classes DPE ?

Le ministère de l’Économie évalue à 4,8 millions le nombre de “passoires énergétiques” (classes F et G) parmi les résidences principales au 1ᵉʳ janvier 2023.

Selon le même article officiel publié le 27 août 2025 :

L’abaissement de 2,3 à 1,9 entraîne mécaniquement une baisse de la consommation en énergie primaire pour tout logement qui utilise l’électricité, ne serait-ce que pour l’éclairage ou les auxiliaires.

Interdiction de location : un nouveau paysage pour les passoires

La réforme 2026 ne modifie pas le calendrier de la loi Climat et Résilience, mais elle change la carte des logements concernés :

En reclassant une part des F/G en E ou D, le DPE 2026 réduit le nombre de logements immédiatement frappés par l’interdiction de location.

Une analyse du Monde du 11 juillet 2025 souligne que, si la mesure satisfait de nombreux professionnels et propriétaires, elle ralentit la baisse de la précarité énergétique.

A titre d'exemple, un gap entre C et E génère une économie de plusieurs centaines d'euros par an.

Pour un T2 de 30 m² tout électrique, un logement en DPE C tourne autour de 570 € par an pour le chauffage et l’eau chaude, contre 950 € pour un DPE E, aux tarifs réglementés de fin 2025. Soit près de 380 € d’écart par an, sans même compter les autres usages électriques.

Le 29 janvier 2025, l’Assemblée nationale a d’ailleurs rejeté une proposition de loi visant à assouplir le calendrier d’interdiction de location pour les logements G, confirmant la ligne fixée par la loi Climat et Résilience.

Comment les propriétaires pourront mettre à jour leur DPE ?

Point important au 25 novembre 2025 : les DPE existants ne sont pas annulés au 1ᵉʳ janvier 2026. Selon le ministère de l’Économie :

L’arrêté du 13 août 2025 prévoit même la possibilité de télécharger une attestation officielle de changement d’étiquette pour les diagnostics concernés, toujours via l’outil de l’ADEME.

Autre évolution parallèle : à compter du 1ᵉʳ janvier 2026, le DPE collectif devient obligatoire pour toutes les copropriétés, et non plus seulement celles de 50 lots et plus, lorsque le permis de construire est antérieur à 2013.

Fiabilisation : un dispositif sous l’œil de la Cour des comptes

Au-delà de la méthode de calcul, la crédibilité technique du diagnostic reste un chantier prioritaire. Dans un rapport publié le 3 juin 2025, la Cour des comptes somme l’État de mieux sécuriser ce dispositif. Les magistrats financiers soulignent le décalage entre l’opposabilité juridique du DPE, actée en 2021, et sa fragilité technique persistante, mise en œuvre sans étude d’impact globale.

L’institution pointe des failles structurelles, notamment le taux d’anomalies relevé par la DGCCRF lors des contrôles et les risques de conflits d’intérêts au sein de la filière. Pour assainir le marché d’ici la fin de l’année 2026, le rapport préconise deux mesures correctrices : une séparation stricte entre les organismes de formation et de certification, ainsi que l’instauration d’une carte professionnelle obligatoire pour les diagnostiqueurs.

L’Europe impose sa cadence avec la directive EPBD

Cette exigence de rigueur répond également à un calendrier communautaire précis. La directive sur la performance énergétique des bâtiments (EPBD), adoptée en avril 2024, doit être transposée en droit français avant mai 2026. Cette échéance coïncide quasi parfaitement avec l’entrée en vigueur du nouveau coefficient électrique français.

Bien que la Fédération Française du Bâtiment estime l’Hexagone en avance sur ses voisins, ce cadre européen impose de nouvelles normes. Il exige des DPE harmonisés et comparables entre États membres, ainsi que la généralisation de bases de données numériques centralisées. L’objectif est de piloter la rénovation énergétique à l’échelle du continent avec des outils de mesure standardisés.

Pour les propriétaires et les locataires, quelle lecture faire du “nouveau DPE 2026” ?

À quelques semaines de l’entrée en vigueur de la réforme, plusieurs lignes se dessinent :

Le 1ᵉʳ janvier 2026 ne marque donc pas la fin des débats autour du DPE. Il ouvre une nouvelle phase : moins de passoires thermiques “administratives”, mais une pression intacte sur la nécessité de rénover réellement un parc de logements encore très énergivore.

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