Guillaume Kasbarian vient d’être nommé ministre du logement
Patrice Vergriete out, Guillaume Kasbarian in ! La nomination hier soir 8 février de Guillaume Kasbarian au poste de ministre chargé du Logement a suscité un vif émoi au sein du paysage politique français et parmi les acteurs du secteur du logement. Figure controversée, principalement connue pour avoir porté la loi anti-squats en 2023, Kasbarian hérite d'un ministère au cœur d'une crise historique du logement.
Ce choix gouvernemental, marquant un net virage à droite après les mandats de deux anciens socialistes (Olivier Klein et Patrice Vergriete), est perçu par beaucoup comme une provocation, voire une déclaration de guerre aux locataires et aux personnes mal logées. Dans un contexte de production de logements en berne, d'allongement des listes d'attente pour l'accès aux HLM et de saturation des structures d'hébergement d'urgence, la mission de Kasbarian s'annonce complexe et déterminante.
Qui est le nouveau ministre du logement Guillaume Kasbarian ?
Guillaume Kasbarian, désormais à la tête du ministère chargé du Logement, est une figure montante de la scène politique française, dont le parcours est marqué par une ascension rapide et des prises de position tranchées. Avant sa nomination, Kasbarian s'était fait connaître au sein de l'Assemblée nationale comme un député engagé, particulièrement actif sur les questions de logement. Son engagement le plus notable reste l'adoption de la loi anti-squats en 2023, une mesure législative qui a durci les peines contre les squatteurs, reflétant ainsi ses convictions en matière de propriété et de sécurité juridique.
Né en 1987, Kasbarian a débuté sa carrière politique en tant que fervent soutien d'Emmanuel Macron, se positionnant clairement dans le camp libéral. Son parcours est celui d'un homme politique de conviction, dont les idées et les actions ont souvent suscité le débat. La loi anti-squats, en particulier, a été perçue comme un signal fort envoyé aux propriétaires, mais a également déclenché une vague de critiques de la part de la gauche et des associations de défense des mal-logés, qui y ont vu une approche punitive et peu sensible aux réalités sociales des personnes sans domicile ou en situation de précarité.
Élu d'Eure-et-Loir, Kasbarian a su se distinguer par son approche pragmatique des questions de logement, cherchant à équilibrer les intérêts des propriétaires et la nécessité de protéger les droits des locataires. Cependant, sa nomination au ministère du Logement n'a pas manqué de soulever des interrogations quant à sa capacité à adresser les multiples facettes de la crise du logement, qui requiert une approche à la fois ferme et sensible aux enjeux sociaux.
Sa vision du logement, centrée sur la lutte contre les abus tout en promouvant l'investissement et la construction, sera mise à l'épreuve dans un contexte de tensions croissantes autour de l'accès au logement en France. Les attentes sont nombreuses et les défis à relever, immenses. La capacité de Kasbarian à concilier ses convictions libérales avec les impératifs sociaux du logement sera déterminante pour son action ministérielle.
Réactions mitigées à la nomination
La nomination de Guillaume Kasbarian au ministère chargé du Logement a immédiatement provoqué une tempête de réactions au sein du paysage politique et social français. L'annonce a été accueillie avec une vive indignation par les partis de gauche et une série d'associations de solidarité, qui voient en Kasbarian une figure polarisante, principalement en raison de son rôle dans l'adoption de la loi anti-squats.
Au-delà des critiques politiques, les associations de solidarité expriment également de profondes inquiétudes. La Fondation Abbé Pierre, par la voix de son délégué général Christophe Robert, espère que le nouveau ministre sera "plus attentif aux souffrances des mal logés" qu'il ne l'a été lorsqu'il portait la loi anti-squats. Ces associations craignent que les orientations prises par Kasbarian ne soient pas en phase avec les besoins urgents des personnes en situation de mal-logement.
Le secteur du logement lui-même, à travers ses représentants et organisations professionnelles, a réagi de manière nuancée. Si certains, comme Loïc Cantin, président de la Fédération nationale de l'immobilier, reconnaissent à Kasbarian une "volonté, une action et un investissement forts" lors de l'élaboration de la loi anti-squats, ils restent prudents quant à sa capacité à répondre aux enjeux complexes du logement en tant que ministre. L'objectif de construction de 30.000 logements neufs dans 20 territoires prédéfinis, mentionné par le Premier ministre, est jugé insuffisant par les professionnels du secteur face à l'ampleur de la crise.
L’Alliance pour le Logement, regroupement de nombreux acteurs du secteur (FNAIM, FFB, FPI, USH...), a également issu un communiqué urgeant le ministre nouvellement nommé de déclencher un plan pour relancer le logement.
”Il est temps de mettre tous les moyens pour relancer, partout en France, la construction neuve et dynamiser la rénovation de logements, l’outil de production étant en train de se fragiliser, voire de se fracturer avec la perte annoncée de dizaines de milliers d’emplois qualifiés dans toute la filière. Il est urgent de soutenir l’accession à la propriété pour un vrai parcours résidentiel des Français et l’investissement locatif de longue durée. Il faut par ailleurs répondre dès à présent à l’effondrement de la demande, cause principale de la crise.
L’Alliance pour le logement, qui a fait des propositions depuis longtemps, attend du nouveau ministre du Logement des décisions fortes et immédiates. Les membres de l’Alliance croient toujours à un sursaut qui requiert cinq engagements du gouvernement : répondre aux besoins des Français dans leurs différents parcours, accompagner les particuliers qui souhaitent acquérir un logement, respecter les professionnels, mettre en place des mesures réalistes pour tenir les objectifs de la Stratégie nationale bas carbone et, dernier point fondamental, donner de la visibilité via un plan pluriannuel.”
Communiqué de presse de la FPI
Le ministère du Logement a du pain sur la planche
Le principal défi que Kasbarian doit relever est la relance de la construction de logements neufs et la rénovation du parc existant. Les chiffres de la construction de logements neufs en 2023, en baisse de 23,7%, témoignent de l'urgence de la situation. Les professionnels du secteur appellent à une action gouvernementale forte pour stimuler la construction et répondre ainsi aux besoins croissants de la population.
Les attentes envers les politiques que Kasbarian entend mettre en œuvre sont multiples :
- Augmentation significative de la production de logements neufs : pour combler le déficit actuel et répondre à la demande croissante.
- Soutien à la rénovation énergétique : pour améliorer la performance énergétique du parc immobilier existant et contribuer à la transition écologique.
- Développement de l'accès au logement social : pour réduire les listes d'attente et offrir des solutions de logement abordable aux ménages les plus modestes.
- Innovation dans les formes d'habitat : pour proposer des solutions adaptées aux nouveaux modes de vie et aux enjeux de mobilité et de flexibilité.