Doulon Gohards : lancement de la 2ème phase du projet
Inscrit dans la dynamique du grand quartier Doulon-Bottière, le projet Doulon Gohards entame officiellement sa deuxième phase à Nantes.
Piloté par Nantes Métropole et la ville de Nantes, il répond à l'ambition de la collectivité de développer une offre de logements mixte et abordable en ville.
Le 3 octobre dernier, Johanna Rolland, maire de Nantes, accompagnée de Thomas Quéro, président de Nantes Métropole Habitat et Simon Citeau, adjoint du quartier Doulon-Bottière ont fait le point sur la transformation du projet en cours. La rédaction revient sur les dernières avancées de ce projet d’envergure à Nantes.
Présentation du projet Doulon-Gohards à Nantes
Le projet Doulon-Gohards à Nantes réinvente la ville de demain en conjuguant urbanisme, nature, et innovation durable. Étendu sur 180 hectares de friches agricoles à l'est de la ville, ce futur écoquartier se distingue par une volonté de préserver la biodiversité : près de la moitié du site sera ainsi dédiée à des zones naturelles et inondables.
Il s’inscrit dans le cadre de la Zone d’aménagement concerté (ZAC) et doit s'achever d'ici 2035, transformera le secteur où les habitations côtoieront les parcs, les potagers urbains et les zones de loisirs.
« C’est un projet véritablement en faveur du logement pour toutes et pour tous, au sein de la Ville de Nantes et au cœur de la Métropole, permettant de répondre à la nécessité de garantir un toit à chacun et de conserver la vocation sociale de ce quartier populaire. »
Thomas Quéro, président de Nantes Métropole Habitat
Parmi les grands objectifs du projet, l'aménagement du quartier prévoit de :
- Développer le quartier tout en respectant son patrimoine historique et ses spécificités géographiques.
- Tirer parti du réseau social et économique existant, particulièrement celui du quartier Vieux Doulon, pour ancrer le projet dans la réalité locale.
- Préserver l'identité populaire et sociale du quartier en intégrant des logements sociaux destinés aux personnes en difficulté et en prévoyant un espace d'insertion temporaire.
- Promouvoir le caractère nourricier du site en soutenant une agriculture urbaine durable, de proximité.
- Exploiter pleinement les vastes ressources et la diversité de ce territoire pour en révéler toutes les potentialités.
- Favoriser une ville propice à la mixité sociale et à la vie collective.
- Concevoir un projet souple et évolutif, capable de s'adapter aux changements sociétaux sur les deux prochaines décennies.
150 à 200 nouveaux logements d'ici 2026
Dès 2026, le quartier accueillera 150 à 200 logements neufs à Nantes, soit 2 700 logements à terme, dont 30 % de logements abordables, 25 % de logements sociaux et 45 % de logements libres.
Retardés par des recours, les travaux devraient débuter fin 2024. Les premières constructions concernent la zone du Vallon-Gohards, où des programmes conçus avec des matériaux bio-sourcés verront le jour.
Au total 400 logements seront réalisés avec plus de 200 habitations dans une première opération qui est en cours. Sur ces 200 logements il y aura 53 logements sociaux et plus de 60 logements abordables.
Thomas Quéro, président de Nantes Métropole Habitat
Un permis est en cours, mais le collectif "Sauvons les Gohards", qui s'oppose à l'artificialisation des sols dans le cadre de ce projet urbain, a déposé un recours qui doit être étudié par le Conseil d'État. En cas d'avis favorable du Conseil d'État, les travaux pourraient démarrer fin 2025 pour une livraison en 2026 selon l'élu.
Thomas Quéro rappelle que le Programme local de l’habitat vise une production de 6 000 logements par an et qu’en définitive, il y a un équilibre entre la protection de l’environnement et la construction de logements sociaux et abordables
.
L'accès au logement facilité
Avant même le début du chantier, certains logements ont été commercialisés grâce au bail réel solidaire (BRS). Cette solution permet de faciliter l'accession à la propriété notamment en différenciant la propriété du terrain de celle du logement pour faire baisser le prix d'achat.
Un choix politique assumé par la mairie, qui souhaite « éviter la gentrification et accueillir des foyers modestes ». D’après Thomas Quéro, 38 000 demandes de logements sociaux seraient en cours à Nantes.
« Renforcer la dimension écologique tout en maintenant les objectifs de logements »
Alors que la première phase du chantier s’est achevée en avril 2024, une nouvelle équipe pour la maîtrise d’œuvre urbaine a été désignée pour poursuivre la deuxième, composée de des agences d’architectes et d’urbanistes Atelier Georges et Laq.
Cette volonté vient donner une nouvelle impulsion au projet, notamment en « renforçant sa dimension écologique ».
Une annonce faite quelques jours après que le conseil communautaire ait adopté, le 12 avril dernier, un plan d’action intitulé "bifurcation écologique pour toutes et tous", porté par Johanna Rolland, maire et présidente socialiste de la métropole. Ce document s’appuie sur les conclusions issues du "grand débat" baptisé "Fabrique de nos villes", orchestré par Nantes Métropole entre mars et juillet 2023.
Apporter un « nouveau regard » sur le projet
Selon Nantes Métropole, la "nouvelle maîtrise d'œuvre" aura pour mission de revisiter le Plan guide en place avec une perspective renouvelée. L'objectif est de maintenir la dynamique actuelle tout en intégrant une approche environnementale axée sur la réduction des émissions de carbone, en prenant en compte les spécificités du projet, notamment les zones humides et les espaces boisés. Cette révision vise à faire de ce projet une ville fertile, attrayante et ouverte à tous.
Thomas Quéro affirme toutefois que le recentrage opéré n’implique aucune modification du cadre règlementaire. Le programme Doulon Gohards poursuivra donc ses objectifs sans révision de l’OAP (Orientation d’aménagement et de programmation), ni du PLUM (Plan local d’urbanisme métropolitain). Ce statu quo réglementaire devrait perdurer jusqu’à la prochaine échéance municipale, prévue pour 2026, d’après l’élu.
Un développement en 3 phases
Le projet Doulon Gohards se structure en 8 secteurs aménagés en 3 phases : 2019-2024, 2024-2029 et 2029-2035. Lors de la première phase, des espaces publics majeurs ont été édifiés. La deuxième phase prévoit de faire sortir de terre plus de 700 logements. La troisième phase sera consacrée à la construction des derniers logements et du parc ligérien.
Bien que la collectivité affirme que cette seconde phase intègre une dimension écologique, elle était en réalité déjà anticipée depuis longtemps dans le cadre du Plan guide de la ZAC. Les finalités de ce plan triennal restent essentiellement les mêmes, avec une « requalification » du territoire basée sur six axes principaux :
- Relancer quatre exploitations agricoles en circuit court sur 17 hectares (aujourd’hui la métropole parle plutôt de 5 fermes sur 15 hectares).
- Construire 2 700 logements attendus d’ici 2035, dont 25 % de logements sociaux, 30 % de logements abordables, 45 % en logements libres et un terrain d’insertion temporaire sur 60 hectares (17 000 m² de surface de plancher).
- Restaurer 100 hectares d’Enaf (espaces naturels, agricoles et forestiers) sur le plan environnemental et hydraulique, dont 20 hectares de zones humides.
- Édifier des équipements publics et associatifs dont un groupe scolaire, une crèche, un gymnase, un « pôle des arts nomades » et le renouvellement des équipements sportifs (12 500 m² de SDP).
- « Le confortement commercial et urbain du Vieux-Doulon » existant 7 500 m² de SDP (surface de plancher).
- Aménager des espaces publics piétons et cyclables.
Dans ce cadre, Nantes Métropole rappelle qu’une partie des espaces naturels seront sanctuarisés
tandis que d’autres seront partiellement accessibles grâce à des cheminements
. Quant aux constructions de cette seconde phase, elles seront concentrées et densifiées afin de limiter l’imperméabilisation des sols et feront appel aux filières biosourcées
.
L’opposition poursuit son combat face à la question de l’artificialisation
Du côté de l’opposition, le dépôt de recours n’en finit pas à Nantes. Certains habitants restent d’ailleurs sceptiques quant aux arguments écologiques avancés par la collectivité.
Jean-Paul Lecomte, membre du collectif « Sauvons les Gohards », interrogé par AEF, souligne que la métropole prétend préserver 100 hectares d’espaces naturels, alors que cette zone comprend des terrains inondables sur lesquels on ne peut pas construire
. Pour l’activiste, la métropole les intègre à son discours pour minimiser les 70 hectares d’urbanisation.
Les opposants, ont, à ce jour, engagé deux actions légales. Le premier recours, déposé le 26 avril 2024, vise l’annulation de l’autorisation environnementale de la ZAC et est en cours d’examen devant la cour administrative d’appel de Nantes. Le second, déposé le 21 mai, demande l’annulation du permis de construire de la première phase du projet, et a été porté devant le Conseil d’État.