344 nouveaux logements sociaux à Saint-Brieuc
Dans les Côtes d’Armor, Saint-Brieuc croule sous les demandes de logements sociaux. Dans la ville préfecture du département, le phénomène n’est pas nouveau. On estime que le délai d’attente pour un logement social dans le département est de 19 mois selon le premier bailleur social du secteur Terre d’Armor Habitat. 2 400 demandes ont été comptabilisés, seulement pour la ville de Saint-Brieuc.
Pour y remédier, l’agglomération a décidé de mettre la main au porte-monnaie en déboursant une subvention exceptionnelle d’1,5 millions d’euros pour Terre d’Armor Habitat. Retour sur les raisons de cette demande en forte croissance.
Une crise sans précédent pour le logement social dans les Côtes d’Armor
Le pays traverse une crise du logement sans précédent et l’agglo n’est pas épargnée
, ce sont les mots de Sylvie Guignard, vice-présidente de la Communauté d’agglomération Saint-Brieuc Armor Agglomération, interrogée par Ouest France le 28 juin 2024.
Selon les derniers chiffres, seulement 7 % de logements sociaux sont consacrés au département pour atteindre la moyenne régionale de 16 %. Comme le note Jean-Michel Geffroy, président du Leff Armor (interrogé par Ouest France), la crise du logement social est un défi quotidien pour les maires, toujours en attente de programmes immobiliers.
Une crise qui se traduit par une tension sur les programmes de réhabilitations. Des partenariats sont pourtant en cours pour plus d’équilibre entre le rural et l’urbain en matière de construction de logements locatifs
.
Beaucoup de ménages ne peuvent plus se loger, c’est un vrai facteur de précarité
alerte Sylvie Guignard : Sur le parc de Terre d’Armor Habitat, il y a une explosion de la demande. On enregistre 6,5 demandes pour une attribution
.
L’arrêt de certains programmes depuis plusieurs années ont d’ailleurs aggravé cette situation. Cinq chantiers de construction de logements neufs avaient dû également être arrêtés dans les Côtes d’Armor, pour malfaçons, occasionnant plusieurs milliers d’euros de dommages et intérêts.
Saint-Brieuc n’échappe pas à la hausse des demandes
D’après les chiffres du logement dans les Côtes d’Armor, en 2022, Saint-Brieuc comptait 4 796 logements sociaux, dont 60,8 % se trouvent dans les Quartiers Prioritaires de la Politique de la Ville (QPV). La majorité de ces habitations est gérée par Terre d’Armor Habitat, qui possède 3 992 logements accueillant près de 8 870 résidents, soit en moyenne 2,26 personnes par foyer.
Dans ce parc, 70 % des attributions sont prioritairement dédiées aux ménages confrontés à des difficultés de logement. Parmi les bénéficiaires figurent les personnes reconnues prioritaires au titre du Droit au Logement Opposable (Dalo), les victimes de violences conjugales, en augmentation, et les personnes en situation de handicap ou hébergées de manière temporaire, précise Stéphane Favrais, président de la Commission d’attribution des logements et d’examen de l’occupation des logements (CALEOL) de Terre d’Armor Habitat.
L’enjeu du logement social placé au 1er plan dans les Côtes d’Armor
Afin de pallier aux difficultés du marché, le bailleur Terre d’Armor Habitat a déclaré « vouloir faire plus pour le logement social en 2024 ».
Premier bailleur social public des Côtes d’Armor, l’entité est née du regroupement de deux offices HLM historiques : Côte d’Armor Habitat et Terre et Baie Habitat, qui œuvrent depuis 100 ans pour permettre l’accès à des logements neufs aux loyers abordables et de qualité à tous.
Face à la crise du logement, les élus de l’Agglomération briochine ont finalement voté le 27 juin 2024, une enveloppe de 1,5 millions d’euros sur quatre ans (2024-2028). Cette subvention exceptionnelle sera dédiée à la reprise d’opérations ou de construction ou de réhabilitation lourde.
« Sur le volet de l’habitat public, Saint-Brieuc Armor Agglomération a pour ambition de poursuivre l’effort engagé de production de logements en renouvellement urbain »
Stéphane Favrais, président de la Commission d’attribution des logements et d’examen de l’occupation des logements (CALEOL) de Terre d’Armor Habitat
Un programme complet pour répondre à la demande de logement à Saint-Brieuc
L’objectif du bailleur est pérenniser l’accompagnement de projets réalisés en parcelle nue en dent creuse – espace non construit -, en centre-urbain à des fins de démolition-reconstruction ou d’acquisition-amélioration en mobilisant de plus en plus les ressources dédiées à cette question
.
L’intention de l’Agglo est donc claire : poursuivre la réhabilitation du parc de logements locatifs sociaux, notamment sur le volet énergétique.
La prochaine étape consistera à développer et à accompagner la production de logements, mais aussi réhabiliter les logements locatifs sociaux en favorisant la création d’hébergements spécifiques (internes, étudiants, saisonniers…)
. L’élu évoque également la possibilité de lancer un nouvel appel à projets afin de soutenir les projets innovants et durables
dont les modalités restent encore à définir.
À terme, 173 logements sociaux locatifs seront construits et 171 logements seront « réhabilités en profondeur », répartir sur plusieurs communes :
- Saint-Brieuc : 74 logements
- Yffiniac : 42 logements
- Langueux : 24 logements
- Plérin : 19 logements
- Lanfains : 4 logements
- Plourhan : 4 logements
- Plœuc-L’Hermitage : 2 logements
- Le Foeil : 2 logements
- Saint-Julien : 2 logements
Pour la réhabilitation, 47 logements sont concernés à Saint-Brieuc et 124 logements à Plérin. Le bailleur s’engage à livrer la totalité des logements d’ici à 18 mois, au plus tard pour juin 2026.
Comment sont attribués les logements ?
Terre d’Armor Habitat, présent dans plus de 250 communes, a instauré deux Commissions d’attribution et d’examen de l’occupation des logements (Caleol). Une Commission s’occupe des biens situés dans l’agglomération de Saint-Brieuc, incluant les logements existants ainsi que les programmes récents ou en cours de construction. L’autre commission est dédiée aux demandes provenant du reste du département.
La Caleol de Saint-Brieuc examine en moyenne trois à quatre demandes par logement. La sélection est réalisée en fonction de critères tels que l’adéquation entre la taille du logement et celle du foyer, la composition familiale, les priorités économiques, sociales, et géographiques, ainsi que les objectifs d’équilibre de peuplement au sein des ensembles immobiliers, explique Stéphane Favrais, président de cette commission. Pour les candidats à l’accession à un logement social, le critère de ressources retenu est le revenu fiscal de référence de l’année N-2.
Les collectivités inquiètes du sort du logement social
J’espère que l’État sera au rendez-vous, mais c’est un vœu pieux, s’inquiète Sylvie Guinard. Les collectivités ne pourront pas venir en renfort sur des sommes aussi considérables.
Un triste constat quand on sait que l’État n’a pas prévu de débloquer de nouveaux fonds pour les bailleurs sociaux. Alors que le congrès HLM 2024 se tenait fin septembre dernier, Gaëlle Routier, vice-présidente du conseil départemental des Côtes-d'Armor, rapporte que les crédits sur la réhabilitation sont gelés voire rapatriés par l’État donc heureusement que des collectivités nous soutiennent
.
L’analyse du marché du logement dans les Côtes d’Armor
D’après l’analyse de l’Armorstat (Centre de ressources socio-économiques des Côtes d’Armor), pour le département des Côtes d’Armor, plusieurs aspects marquants ressortent sur la question du logement :
- Des disparités sociales : le parc immobilier des Côtes d’Armor révèle des inégalités significatives en termes de volume que de qualité des logements disponibles. Certains secteurs sont bien dotés en infrastructures, tandis que souffrent d’un manque d’habitat adaptés.
- Le logement social limité : le département présente une faible densité de logements sociaux, concentrés principalement dans les zones urbaines. La proportion de logements sociaux est de 38,9 pour mille habitants, un chiffre très bas si on considère qu'en France 15.9% des résidences principales sont des logements sociaux.
- L’évolution du parc immobilier : entre 2016 et 2020, le parc de logements sociaux a connu une croissance modérée, mais les nouvelles constructions peinent à répondre aux besoins de la population, en particulier pour les ménages modestes et les jeunes actifs.