
RE2020 seuil 2025 : Les évolutions de la réglementation environnementale
Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, la réglementation environnementale RE2020 a évolué vers son second objectif : le jalon 2025. Les seuils carbone liés aux matériaux de construction sont abaissés, tandis que les exigences sur l’empreinte énergétique se précisent. Un décret publié le 30 décembre 2024 encadre ces évolutions pour la "RE2025", amorçant la trajectoire vers les prochains paliers de 2028 et 2031.
Rappel express : RE2020, ses objectifs et son calendrier
La RE2020 est une rupture conséquente par rapport à la RT 2012 car elle intègre désormais le bilan carbone complet du bâtiment, ainsi que son confort face à la chaleur, en plus des consommations énergétiques classiques .
Concrètement, trois objectifs guident la réglementation : sobriété énergétique, réduction drastique de l’empreinte carbone et protection contre les épisodes de chaleur.
La montée en exigences se fera par étapes franches en 2025, puis en 2028, et enfin 2031. Ces jalons permettent d’étaler la transition et offrent une visibilité à la filière.
Ce qui s’applique désormais depuis le palier 2025
Ic construction
Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, l’empreinte carbone des matériaux et de la construction doit être réduite de 12 à 17 % par rapport aux exigences 2022. Les seuils Ic construction passent ainsi :
- Maisons individuelles : de 640 à 530 kg CO₂/m²
- Logements collectifs : de 740 à 650 kg CO₂/m²
- Bureaux : baisse moyenne de 15 % sur les valeurs initiales.
Ic énergie
L’indicateur Ic énergie mesure l’empreinte carbone de l’énergie consommée sur 50 ans. Les seuils se maintiennent pour les maisons individuelles (autour de 160 kg CO₂/m²/an) mais se resserrent nettement pour le collectif, notamment pour ceux réliés à un réseau de chaleur urbain (RCU) :
- Non raccordés à un RCU : de 560 à 320 kg CO₂/m²/an
- Raccordés à un RCU : de 560 à 260 kg CO₂/m²/an
Pour les réseaux de chaleur, le plafond est fonction de leur intensité carbone : 145 g/kWh pour 2025–2027 puis 110-120 g/kWh dès 2028 (collectif) ; 80-100 g/kWh puis 60-70 g/kWh (maison individuelle).
Confort d’été (DH)
Le seuil haut de degré-heure (DH) reste un critère d’élimination : au-delà de 1250 DH, un bâtiment est non conforme. Le seuil bas (350 DH) sert à moduler certaines exigences, particulièrement dans les zones chaudes.
Pour rappel, le Degré-heure correspond au nombre d'heures passées en un mois au-dessus du seuil de confort dans un logement (28°C le jour et 26°C la nuit).
Textes applicables
- Décret n° 2024-1258 du 30 décembre 2024 – précise les seuils Ic construction et Ic énergie applicables dès le 01/01/2025
- Arrêté du 4 août 2021 – fixe la méthode et les exigences techniques de la RE2020, régulièrement consolidé
Retours d’expérience intégrés fin 2024–mai 2025
La première mise à jour du guide officiel, datée du 9 mai 2025, intègre les enseignements pratiques de l’application initiale de la RE2020. Ce guide actualisé détaille les corrections introduites par le « décret RETEX RE2020 » (n° 2024‑1258, 30 décembre 2024) afin de mieux aligner la réglementation avec les réalités du terrain.
Le décret autorise plusieurs assouplissements ciblés pour garantir la soutenabilité de la réglementation :
- Prise en compte des spécificités des petits bâtiments collectifs, ajustant à la baisse la contrainte sur leur Ic construction.
- Rehaussement des seuils Ic énergie pour les maisons individuelles raccordées à un réseau de chaleur, reconnaissant leur avantage intrinsèque en matière de décarbonation.
- Allègement des exigences Cep,nr pour les constructions en zones climatiques H2d et H3 jusqu’à 400 m d’altitude, afin de tenir compte des contraintes liées au confort thermique.
- Introduction d’une modulation sur l’Ic construction en faveur des projets comprenant des panneaux photovoltaïques, encourageant ainsi la production d’énergie renouvelable en accompagnement des efforts carbone.
La FFB estime que ces ajustements répondent à plusieurs préoccupations exprimées par la profession, mais souligne toutefois l’accès insuffisant à des données environnementales fiables, souvent nécessaires pour maîtriser les indicateurs Ic à ce niveau de précision.
Enfin, plusieurs observateurs pointent le fait que le renforcement de 50 % de l’exigence Ic énergie pour les logements collectifs (selon le contexte de raccordement ou non à un réseau de chaleur) constitue un changement important par rapport à la phase initiale, qui peut être un tournant pour la migration vers les solutions eco-friendly.

Impacts techniques attendus en 2025
Systèmes énergétiques
Le durcissement des seuils Ic énergie pousse les acteurs vers des alternatives plus sobres et décarbonées. En collectif, ces solutions passent souvent par l'accès à un RCU bas carbone et des systèmes dernière génération. Les stratégies adoptées incluent :
- Pompes à chaleur hybrides pour limiter le recours au gaz en pointe.
- Solaire thermique couplé à des chauffe-eau thermodynamiques, pour réduire la part d’énergie carbonée.
- Optimisation de la ventilation et du pilotage CVC afin de limiter les consommations globales.
Les maisons individuelles, plus autonomes, misent sur l’électrification des usages (PAC air/eau ou air/air) et sur l’autoconsommation photovoltaïque pour rester sous les seuils. Toutefois, la marge de manœuvre est plus étroite si elles sont raccordées à un RCU dont le contenu carbone dépasse 80 g CO₂/kWh.
Matériaux et analyses du cycle de vie (ACV)
Le passage à la version A2 de la norme EN 15804 alourdit l’empreinte carbone des matériaux de construction. Ce glissement complique le respect des seuils Ic construction, notamment pour les projets individuels. Le récent rapport Rivaton (juillet 2025) souligne cet effet, en démontrant que certaines configurations dépassent encore les seuils malgré la sélection de matériaux bas carbone .
Coûts, délais et production : que disent les acteurs
Points de tension signalés par la filière
La FFB alerte d'abord d'un risque de surcoût de construction lié au durcissement des seuils et d'un allongement des délais de conception, du fait de la complexité accrue des études environnementales. Les modifications introduites fin 2024 n’effacent pas la contrainte structurelle, la disponibilité des matériaux bas carbone reste limitée et le coût des équipements conformes à la RE2020 2025 pèse davantage sur les petites opérations.
Le maintien strict du calendrier préconisé, malgré la crise du logement, est critiqué par certains promoteurs, qui estiment qu’un report aurait permis d’amortir les surcoûts et d’élargir l’offre de solutions techniques.
Estimations d’impacts économiques
Le rapport Rivaton remis au ministère le 10 juillet 2025 chiffre le surcoût moyen induit par le palier 2025 entre 5 % et 10 % du prix de construction, soit 90 à 150 €/m² selon la typologie et la zone climatique. Pour les maisons individuelles, la substitution des chaudières gaz par des PAC ou CET représente un investissement supplémentaire moyen de 6 000 à 8 000 € par logement.
En collectif, les investissements peuvent être lourds, mais parfois compensés par une baisse des charges d’exploitation sur le long terme.
Anticiper 2028 dès aujourd’hui
Pour les acteurs du bâtiment, la clé est d’anticiper :
- Matériaux : privilégier dès maintenant les solutions avec FDES (Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire) ou PEP (Profils Environnementaux Produits) pour éviter les pénalités lors des prochains seuils.
- Systèmes énergétiques : viser des équipements capables de rester performants avec des seuils carbone abaissés, notamment via la chaleur renouvelable et les réseaux urbains décarbonés.
- Conception bioclimatique : renforcer la compacité, l’isolation et le confort d’été pour éviter les adaptations coûteuses en 2028.
Les retours d’expérience de 2025 seront déterminants : chaque mise à jour technique ou réglementaire pourra servir de levier pour réduire l’impact des prochaines étapes, dans un contexte où la marge de manœuvre financière et technique se resserre.