Montpellier Antigone : La résidence du Nombre d'Or fête ses 40 ans et s’offre une importante rénovation

Depuis quarante ans, le quartier Antigone à Montpellier incarne un modèle unique d'urbanisme visionnaire alliant logement social, qualité architecturale, et mixité sociale en plein cœur de la ville. Né de l'ambition de Georges Frêche et de l’architecte catalan Ricardo Bofill, ce quartier a redessiné les contours du centre-ville en installant du logement social à seulement quelques centaines de mètres de la place de la Comédie.

La résidence du Nombre d'Or, pièce maîtresse de ce projet urbain, célèbre aujourd'hui ses quarante ans. Symbole de l'audace architecturale et sociale des années 1980, elle a offert, dès son inauguration, 275 logements sociaux intégrés dans un cadre néoclassique inspiré de la Grèce antique. Pour marquer cet anniversaire, la Ville et ACM Habitat ont entrepris une vaste opération de rénovation.

Ce projet de réhabilitation veut répondre aux exigences actuelles en matière de durabilité et de performance énergétique, en plus d’améliorer le confort des résidents. Aujourd’hui, alors que les logements neufs à Montpellier se font rares, rénover le parc immobilier existant apparait comme impératif.

Ainsi, alors que Montpellier continue d'évoluer, la rénovation du Nombre d'Or rappelle l'importance de préserver les valeurs et les fondements qui ont fait d'Antigone un lieu emblématique, où chaque habitant trouve sa place dans une ville à l'écoute de ses besoins.

Antigone, ce quartier à la conception unique

Le quartier Antigone, inauguré en 1984, est l'œuvre conjointe de deux figures visionnaires : Georges Frêche, ancien maire de Montpellier, et Ricardo Bofill, architecte catalan de renom. Ensemble, ils ont entrepris de transformer un ancien terrain militaire en un espace urbain d'exception, misant sur une architecture néoclassique inspirée de la Grèce antique. Ce projet avait pour ambition de rapprocher le centre-ville de la mer tout en brisant les codes de l’urbanisme classique en France.

Contrairement à la tendance de l’époque, qui consistait à éloigner les logements sociaux des centres-villes, Antigone a intégré 275 logements HLM au cœur de Montpellier, un engagement pionnier en faveur de la mixité sociale.

Le quartier s’étend sur 25 hectares, reliant le centre commercial du Polygone aux rives du Lez. Mêlant colonnades et places monumentales, Antigone est une véritable ode à l’ère gréco-romaine adaptée aux temps modernes. Dans cet ensemble, les places publiques et les espaces verts occupent une place centrale, créant un cadre de vie paisible pour les habitants.

La place du Nombre d’Or, avec sa géométrie inspirée du nombre d’or, constitue le centre névralgique du quartier. L’absence de balcons, remplacés par des loggias donnant sur des places ouvertes, témoigne d’une conception qui invite à la sociabilité en extérieur, une caractéristique typique de la vie méditerranéenne selon Bofill.

L'ambition de Georges Frêche allait au-delà de l’urbanisme ; il s’agissait également d’un acte politique fort. En intégrant le logement social au cœur de la ville, il défiait la ségrégation urbaine et offrait à chacun la possibilité de vivre dans un environnement architectural de qualité, habituellement réservé aux projets privés.

Cette vision progressiste, mise en œuvre vingt ans avant la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbains), a positionné Montpellier comme une ville pionnière dans l’aménagement urbain en France.

Aujourd’hui, la rénovation de la résidence du Nombre d’Or se veut fidèle à cette philosophie. On préserve le patrimoine, mais on répond aussi aux enjeux actuels : performance énergétique, accessibilité et confort des habitants. Célébrer les 40 ans de cette résidence, c’est aussi rendre hommage à une vision audacieuse qui continue d'inspirer l'urbanisme moderne à Montpellier et ailleurs.

Une rénovation bien méritée pour la résidence du Nombre d'Or

Afin de célébrer le quarantenaire de la résidence du Nombre d'Or, une importante opération de rénovation a été entreprise pour la remettre aux normes actuelles. Cette réhabilitation, menée par ACM Habitat, représente un investissement titanesque de 10,6 millions d’euros au total et a pour objectif de moderniser l’infrastructure en respectant la vision initiale de Ricardo Bofill. Les travaux, qui ont débuté en 2018, sont répartis en plusieurs phases et visent une amélioration importante des performances énergétiques, du confort de vie et de la qualité des espaces communs.

Quels travaux et quels objectifs ?

Au programme du projet, des rénovations essentielles, notamment la modernisation du réseau d’adduction en eau potable, avec un coût de 420 000 €, et la réfection de l’étanchéité des toitures-terrasses sur 2900 m² pour un montant de 210 000 €. Dans le bâti lui-même, la ville a souhaité rénover les corniches béton architecturales des bâtiments pour préserver l’intégrité de la conception originale. Le coût de ces rénovations, qui auront lieu en 2025 et 2026, est estimé à 2,2 millions d’euros.

Afin d’améliorer l’efficacité énergétique, 175 convecteurs ont été remplacés dans le cadre du Plan Urgence Logement Énergie d'Altémed, pour un coût de 260 000 €. En parallèle, la résidence a bénéficié du remplacement des menuiseries extérieures pour un montant total de 7 millions d’euros, ainsi que de la rénovation des systèmes de ventilation et de climatisation, contribuant à un meilleur confort thermique tout au long de l’année.

Les travaux prévoient également des mesures spécifiques pour répondre aux besoins d'accessibilité et de sécurité. En plus de l'installation de nouveaux dispositifs de contrôle d’accès pour les 22 cages d’escalier, la résidence a bénéficié d’un réaménagement des locaux de tri sélectif pour faciliter le recyclage et la gestion des déchets. Ces deux aspects ont été chiffrés respectivement à 150 000 € et 210 000 €.

Vers un modèle de durabilité

Outre les gains en confort et sécurité, cette rénovation entend remettre au goût du jour la résidence sur les questions de durabilité. En améliorant l’isolation et en optimisant les équipements énergétiques, les rénovations permettent une réduction drastique de l'empreinte carbone de la résidence. En moyenne, chaque logement profite ainsi de 38 000 euros d’améliorations, garantissant donc des performances énergétiques accrues et une meilleure gestion des ressources.

Avec cette réhabilitation, la résidence du Nombre d'Or continue d’incarner les valeurs de mixité et d'accessibilité chères aux concepteurs du quartier Antigone. Ce projet de rénovation représente à la fois un investissement dans le futur de la résidence, mais aussi un hommage aux idéaux progressistes qui ont marqué sa création. Antigone reste un exemple emblématique de ce que l'urbanisme visionnaire peut apporter en termes de qualité de vie et de cohésion sociale, même 40 ans après sa naissance.

Un quartier pour tous à deux pas du centre historique

Depuis sa création en 1984, la résidence du Nombre d’Or est un pilier montpelliérain dans la promotion de la mixité sociale au sein du quartier Antigone. Avec ses 275 logements sociaux situés à deux pas du centre-ville de Montpellier, la résidence favorise la cohabitation entre différentes classes sociales et générations.

Ce choix d’urbanisme audacieux, à contre-courant des pratiques habituelles de l’époque, a permis à la ville d’établir un modèle unique en matière d’intégration sociale en plein cœur de la métropole.

Une communauté active et engagée

Le quartier Antigone, nonobstant son architecture remarquable, est un lieu de vie animé grâce aux initiatives de l’Association des Résidents d’Antigone (ADRA). Depuis les premières années du quartier, cette association contribue à renforcer les liens entre les habitants et à développer un véritable esprit de communauté.

En organisant des événements, tels que des projections de films en plein air, des bals du 14 juillet, ou encore des ateliers culturels, l’ADRA permet aux résidents de tisser des liens et d’entretenir ce cadre de vie agréable sous le signe de la convivialité.

Un modèle de mixité à préserver

La résidence du Nombre d'Or a inspiré d'autres projets dans la ville, comme à Port-Marianne et aux Grisettes, où le logement social côtoie des résidences privées, créant ainsi des quartiers harmonieux et diversifiés.

Avec un taux de logement social atteignant 25 %, Montpellier se distingue parmi les grandes métropoles françaises, et la Métropole de Montpellier s’est engagée à poursuivre dans cette direction en construisant 1 000 nouveaux logements sociaux par an d’ici 2025. Pour le maire Michaël Delafosse, l’objectif est le suivant : perpétuer l’esprit d'Antigone en offrant à tous la possibilité de vivre en centre-ville dans un cadre agréable et accessible.