Baisse de la note de la France par Fitch = Remontée des taux de crédit ?

Crédit immobilier : Vers une hausse des taux après la note de Fitch ?

Montpellier - Investissement - Hervé Koffel le 15/09/2025

Le couperet est tombé le 12 septembre 2025 : Fitch a dégradé la note souveraine française à nouveau, pointant une dette publique qui dépasse désormais 110 % du PIB. Cette sanction, la plus sévère jamais infligée à l'Hexagone par cette agence, fait craindre une flambée des taux de crédit immobilier. Pourtant, les premiers signaux du marché restent rassurants : les banques maintiennent leurs barèmes autour de 3,27 % en moyenne pour les prêts sur 20 ans, et la Banque centrale européenne garde le cap avec ses taux directeurs à 2,15 %.

Un avertissement rouge pour les finances françaises

On s'en doutait un petit peu au vu de l'état de l'économie française, mais c'est désormais officiel : l'agence de notation Fitch a abaissé la note de crédit de la France d'un cran, passant de AA- à A+ le 12 septembre 2025. Cette décision historique place l'Hexagone à son niveau de notation le plus bas jamais enregistré par cette agence de référence mondiale.

Les motifs invoqués par Fitch dressent un portrait préoccupant de la situation budgétaire française. L'agence pointe du doigt une dette publique qui s'envole au-delà de 110 % du PIB, alimentée par une instabilité politique chronique qui entrave la mise en œuvre de réformes structurelles. C'est une spirale inquiétante qui place la France dans une position délicate face aux investisseurs internationaux.

Le thermomètre de la confiance des marchés financiers révèle déjà les premiers symptômes de cette défiance. La Cour des comptes anticipe un doublement des intérêts de la dette française d'ici 2029, une perspective qui rétrécit dangereusement les marges de manœuvre budgétaires du gouvernement. Cette contrainte financière croissante oblige l'État français à rémunérer davantage ses créanciers pour attirer les capitaux.

Dans le concert européen, cette dégradation repositionne la France sur l'échiquier des notations souveraines. Si l'Hexagone conserve encore une note supérieure à l'Italie (BBB) par exemple, il s'éloigne inexorablement du trio de tête européen dominé par l'Allemagne qui trône toujours au niveau AAA. L'Espagne, quant à elle, a été revalorisée en A+ grâce au dynamisme économique épatant qu'elle affiche depuis quelques années. La notation de ces agences internationales reflète les perceptions contrastées des investisseurs quant à la solidité financière des différents États membres.

L'onde de choc se dissipe sur le marché du crédit

Contrairement aux craintes initiales, la dégradation de Fitch n'a pas provoqué de tsunami immédiat sur les taux de crédit immobilier français. Les établissements bancaires affichent une sérénité relative, maintenant leurs barèmes dans des fourchettes déjà établies depuis plusieurs mois. Cette stabilité apparente cache une réalité plus nuancée : les banques avaient déjà intégré le risque français dans leurs calculs bien avant l'annonce officielle de l'agence de notation.

La Fédération bancaire française rassure d'ailleurs les emprunteurs potentiels en prédisant que les taux devraient rester stables dans les prochains mois, tant pour les particuliers que pour les entreprises. En effet, les véritables leviers des taux immobiliers ne se trouvent pas dans les bureaux des agences de notation, mais plutôt dans les salles de marché de Francfort, siège de la Banque centrale européenne.

La BCE, chef d'orchestre des taux français

Christine Lagarde et son équipe tiennent fermement les rênes de la politique monétaire européenne. En septembre 2025, la BCE a choisi de maintenir ses taux directeurs à 2,15 %, une décision qui pèse bien plus lourd dans la balance des taux immobiliers que le verdict de Fitch. Cette stabilisation s'inscrit dans un contexte d'inflation européenne particulièrement modérée, avec des prévisions françaises autour de 1,1 % jusqu'à la fin 2025 (Insee).

Les marchés financiers avaient d'ailleurs anticipé cette évolution défavorable de la notation française. Le taux à 10 ans des obligations d'État françaises (OAT) évoluait déjà en hausse depuis décembre 2021, intégrant progressivement la dégradation de la situation budgétaire hexagonale. Cette anticipation explique en grande partie pourquoi l'annonce de Fitch n'a pas créé de soubresauts majeurs sur les marchés de taux.

Les vrais moteurs des taux immobiliers

Pour comprendre l'évolution future des taux de crédit immobilier, il convient de scruter d'autres indicateurs que les notes souveraines. Le taux interbancaire €STR (ESTER – Euro Short-Term Rate), véritable baromètre du coût de l'argent en zone euro, s'établit à 1,92 % en moyenne sur le second semestre 2025 et pourrait encore fléchir si la BCE décidait de nouvelles baisses avant la fin de l'année. Cela impacterait également le taux du Livret A à nouveau (à la baisse), au grand dam des épargnants français.

Les banques françaises répercutent mécaniquement ces évolutions monétaires, mais elles y ajoutent leurs propres critères de risque et de marge. Le coût de refinancement des établissements bancaires sur les marchés demeure le facteur déterminant, bien plus que les fluctuations de notation d'un pays qui conserve malgré tout une note A+ et reste solvable à court terme.

Facteurs d'influence des taux immobiliers français

Facteur Impact Niveau d'influence
Taux directeurs BCE Direct et immédiat Très élevé
Taux interbancaire €ster Répercussion mécanique Élevé
Coût de refinancement bancaire Impact sur les marges Élevé
Note souveraine Indirect et dilué Modéré
Politique de risque des banques Sélectivité des dossiers Modéré
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État des lieux du marché français : entre stabilité et reprise timide

Le marché immobilier français traverse une phase de stabilisation après la tendance baissière de 2024 qui a duré jusqu'en avril 2025. Les derniers chiffres de septembre 2025 dessinent un paysage contrasté où cohabitent signes encourageants et prudence persistante des acteurs. Cette dynamique nuancée reflète un secteur qui retrouve lentement ses repères après une période d'ajustement.

Des taux en légère détente

Bonne nouvelle à l'attention des candidats à l'emprunt : les taux de crédit immobilier se sont stabilisés depuis quelques mois au niveau national. Les barèmes moyens s'établissent désormais entre 3,2 et 3,5 % en moyenne sur 20 ans (contre 4,5 % en septembre 2023). Cette détente profite directement au pouvoir d'achat immobilier des ménages français.

Les courtiers spécialisés observent même des conditions plus favorables pour les profils les plus solides. Selon les données CAFPI, les taux les plus compétitifs oscillent entre 2,67 % sur 10 ans et 3,05 % sur 25 ans pour les meilleurs dossiers.

À noter cependant que certaines grandes métropoles ont observé une très légère hausse des taux en ce début de mois de septembre (de l'ordre de 0,01 à 0,08 %). Il est peut-être temps pour ceux qui attendaient le dernier moment et des taux plus bas (primo-accédants comme investisseurs) de déclencher la phase d'achat pour leur projet immobilier, avant d'être surpris par une nouvelle tendance haussière.

Une capacité d'emprunt qui reprend des couleurs

La baisse des taux régulière depuis 2024, puis leur stabilisation ces derniers mois, se traduit mécaniquement par une amélioration de la capacité d'emprunt des ménages.

Un cadre célibataire percevant 3 200 € nets mensuels peut aujourd'hui emprunter environ 230 000 € sur 25 ans à 3,27 %, contre seulement 212 000 € début 2024 avec des taux à 4 %. Cette progression de 18 000 € de capacité d'emprunt élargit sensiblement l'éventail des biens accessibles, particulièrement dans les villes moyennes où ce montant peut faire la différence entre un T2 et un T3.

De même, une famille avec deux revenus totalisant 5 500 € nets mensuels peut désormais viser un emprunt de 395 000 € sur 25 ans, ouvrant l'accès à des maisons familiales qui étaient hors de portée quelques mois plus tôt (+30 000 € de pouvoir d'achat). De quoi redonner de l'oxygène aux primo-accédants qui avaient été écartés du marché lors de la remontée des taux.

Toutefois, l'accès au crédit demeure conditionné par des exigences d'apport personnel toujours élevées. Les banques réclament en moyenne 21 % du prix du bien en apport, un seuil qui continue d'exclure de nombreux candidats à l'acquisition.

Les volumes retrouvent le sourire

Le thermomètre des transactions immobilières affiche des signes de réchauffement. Le marché français a franchi la barre symbolique des 900 000 ventes sur 12 mois glissants, marquant une reprise après plusieurs années de ralentissement. Une progression qui, bien que qualifiée de "timide" par les professionnels, traduit un retour progressif de la confiance des acheteurs.

Cette dynamique reste néanmoins fragile et hétérogène selon les territoires. Les grandes métropoles continuent de concentrer l'essentiel de l'activité, tandis que certaines zones rurales ou périurbaines peinent encore à retrouver leur dynamisme d'avant-crise. L'incertitude économique et politique pèse toujours sur les décisions d'achat, freinant une reprise plus franche du secteur.

Des prix qui cherchent leur équilibre

Sur le front des prix, la tendance nationale dessine un paysage contrasté. La moyenne hexagonale affiche une quasi-stabilité avec une progression symbolique de +0,2 % selon les données de la FNAIM. Cette stagnation masque toutefois des évolutions divergentes selon les marchés locaux.

Les grandes métropoles subissent des corrections plus marquées : Paris enregistre un recul de 3,2 % tandis que Bordeaux accuse une baisse de 4,1 %. Des ajustements qui créent des opportunités de négociation pour les acquéreurs, particulièrement sur les biens restés longtemps sur le marché. À l'inverse, certaines zones périphériques ou moyennes villes résistent mieux et peuvent même afficher de légères progressions.

Les prix du neuf, eux, ont globalement repris une dynamique haussière avec +8,6% pour les logements neufs à Montpellier au T2 2025 par rapport au T2 2024, +3,7 % à Rennes ou encore +4,6 % à Lyon (Source : Chiffres FPI T2 2025).

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