84e Congrès HLM à Montpellier : Les grandes lignes de l’événement

Le 84e congrès HLM de l’Union sociale pour l’habitat s’est déroulé au Parc des Expositions de Montpellier du 24 au 26 septembre 2024, rassemblant près de 20 000 participants. Cet événement annuel est un rendez-vous important pour les acteurs du logement social en France, offrant un espace de réflexion, d’échange et d’élaboration de nouvelles stratégies pour répondre à la crise du logement qui persiste dans le pays. Cette année, le congrès a pris une dimension particulière avec la participation de Valérie Létard, récemment nommée ministre du Logement et de la Rénovation urbaine.

La ville de Montpellier, choisie pour accueillir cet événement, a mis en avant ses initiatives ambitieuses pour le logement social. Connue pour son volontarisme exemplaire en matière d'accès au logement, la métropole a saisi cette opportunité pour montrer l’étendue de ses efforts, notamment en termes de production de logements sociaux et de rénovation urbaine. Le congrès s'est donc déroulé dans un contexte marqué par une demande de plus en plus forte pour des solutions structurelles à la crise du logement, tant au niveau national que local. Retour sur l’événement.

Les grands enjeux du logement social en France

Le 84e congrès HLM a permis de mettre un coup de projecteur sur les problématiques majeures auxquelles le logement social est confronté en France. La crise du logement, exacerbée par une pénurie de logements accessibles et des tensions économiques, a été au cœur des discussions. En effet, de nombreuses familles à revenus modestes ou en situation précaire peinent à accéder à des logements décents, en particulier dans les zones tendues où la demande dépasse largement l'offre.

Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat, a rappelé l’urgence de prendre des mesures à la hauteur des enjeux. Selon elle, « refuser le logement social, c'est refuser de voir la France telle qu'elle est ». La présidente de l’USH rappelle ainsi qu’il faut une réponse globale pour répondre à une crise qui touche une grande partie de la population, allant au-delà des simples bénéficiaires des logements sociaux. La production de nouveaux logements et la rénovation des parcs existants sont devenues des priorités pour éviter que la situation ne s'aggrave.

Bien entendu, les attentes envers les pouvoirs publics sont élevées. Les acteurs du logement social, comme les bailleurs sociaux et les collectivités locales, appellent à une mobilisation des ressources et à des solutions innovantes pour créer des logements neufs de qualité, durables et accessibles à Montpellier et dans toute la France. La métropole montpelliéraine, hôte de l'événement, est un exemple de cette dynamique. Son engagement dans la production de logements sociaux montre qu’il est possible de relever ces défis, à condition que l’effort soit constant et soutenu.

Des initiatives innovantes de la part de Montpellier

Sous la direction de Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de la métropole, la ville a adopté une politique résolument volontariste pour répondre aux besoins croissants en matière de logements sociaux. Le maire a également annoncé lors du Congrès que la prochaine Folie acrhitecturale montpelliéraine se situerait à La Mosson et que le bâtiment accueillerait le nouveau siège d’Altémed.

Tout d’abord, l’un des points forts de l’action montpelliéraine est la décision de quintupler les aides à la production de logements sociaux, qui atteignent désormais 10 millions d’euros par an. Ce soutien financier est essentiel pour accompagner la construction de logements neufs et permettre à la ville de répondre à la demande.

"Les habitants des résidences Hlm, ce sont des travailleurs, des familles monoparentales dans la précarité, qui ne peuvent pas se loger. Il faut produire plus de logements sociaux et non incriminer les bénéficiaires de ces appartements.

C'est pourquoi la Métropole, en tant que délégataire des aides à la pierre, a décidé l’an dernier, dans le cadre de son plan d’urgence décidé face à la crise du secteur, de quintupler ses aides propres à la production de logements sociaux. Elles représentent désormais 10 M€ par an.

Je souhaite ici rappeler que l'effort de solidarité de la collectivité et du mouvement Hlm, qui œuvrent pour donner accès au logement social, représente pour une famille un gain de pouvoir d'achat conséquent, de près de 40% sur son budget logement."

En effet, l'adjoint au maire Michel Clavo a souligné que pour chaque logement HLM disponible à Montpellier, il y a actuellement dix demandes en attente. Face à cette pression, la ville prévoit la construction de près de 1 000 logements sociaux par an pendant les trois prochaines années, une mesure indispensable pour alléger la tension sur le marché locatif.

La métropole de Montpellier se distingue également par sa capacité à intégrer le logement social dans ses grands projets urbains. Dans le quartier de la Cité Créative, par exemple, 2 000 logements sont prévus, dont 33 % seront des logements sociaux. Cette volonté d’inclure un pourcentage important de logements sociaux dans les nouveaux quartiers témoigne de l’engagement de la ville à respecter les objectifs fixés par la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbains).

Montpellier est d’ailleurs l'une des rares métropoles françaises à avoir atteint et dépassé ces objectifs, avec un taux de 25 % de logements sociaux bien avant la date limite fixée par la législation.

Discours et ambitions de Valérie Létard, nouvelle ministre du Logement

Ce 84e congrès HLM à Montpellier a également été marqué par l'intervention très attendue de Valérie Létard, nommée récemment ministre du Logement et de la Rénovation urbaine. Bien que son discours, prononcé en clôture de l'événement le 26 septembre 2024, n'ait pas été accompagné d’annonces majeures, il a permis de mieux cerner les priorités et la méthode de travail qu’elle entend mettre en place à la tête de ce ministère clé.

Dans son allocution, Valérie Létard a fait preuve de sincérité et d'humilité, reconnaissant l'ampleur de la tâche qui l'attend dans un contexte de crise du logement en France. « Vous savez bien que je ne peux rien dire, rien annoncer », a-t-elle admis, consciente que les décisions importantes seraient dévoilées plus tard dans le discours de politique générale du Premier ministre.

Ce choix de retenue reflète une approche pragmatique, caractérisée par une volonté de ne pas promettre l’impossible. Toutefois, elle a clairement exposé sa méthode : un mélange d’écoute, de dialogue et de co-construction.

"Le stop and go, une promesse un jour oubliée le lendemain, ce n'est plus possible. Il faut de la stabilité et de la visibilité. Et penser l’avenir, ce ne sera pas avec de grandes messes sans lendemain. Il va falloir être plus honnête dans nos engagements."

Ma méthode, c’est celle de la co-construction. Je suis attaché au paritarisme, au dialogue, pour moi on ne peut pas construire une société sans corps intermédiaires. Il faut une intelligence collective. Il faudra faire des choix, mais ne rompons jamais le dialogue"

Valérie Létard partage avec l’ancien ministre du Logement, Jean-Louis Borloo, la conviction que la transformation du secteur doit passer par une implication forte des acteurs locaux et une coopération entre l’État et les collectivités. Elle a ainsi réaffirmé son attachement au paritarisme et au rôle essentiel des corps intermédiaires.

Dans son intervention, elle a fait part de sa volonté de redonner du pouvoir aux maires, qu’elle a qualifiés de « principaux bâtisseurs » dans la lutte pour produire davantage de logements. En s'appuyant sur l'expérience des élus locaux et en leur octroyant plus de marges de manœuvre, elle espère mieux cibler les actions et adapter les politiques de logement aux besoins spécifiques de chaque territoire.

Enfin, la nouvelle ministre a appelé à une mobilisation générale de tous les acteurs du secteur du logement pour faire face aux défis à venir. Elle a insisté sur la nécessité de former un front commun pour peser davantage lors des arbitrages budgétaires à venir, notamment face au ministère de l’Économie et des Finances.

Son discours a ainsi pris une dimension presque combative, en invitant tous les partenaires à « faire bloc » pour sauver ce qu’elle a appelé « le modèle du logement à la française ». Elle a conclu en donnant rendez-vous aux professionnels du secteur dès le mois d'octobre pour commencer à élaborer une nouvelle politique du logement adaptée aux enjeux de demain.

Nouveaux dispositifs financiers pour les bailleurs sociaux

La Banque des Territoires profité de l’occasion du congrès pour annoncer le lancement de nouveaux dispositifs financiers spécialement conçus pour soutenir les bailleurs sociaux. Face à la crise du logement et à la nécessité urgente d'augmenter l'offre de logements sociaux tout en améliorant le parc existant, ces dispositifs visent à offrir des solutions concrètes pour répondre aux défis actuels du secteur.

Les bailleurs sociaux se retrouvent souvent face à des contraintes budgétaires qui limitent leur capacité à lancer de nouveaux projets ou à rénover les logements vieillissants. La Banque des Territoires, a donc présenté plusieurs outils financiers innovants pour les accompagner.

L’objectif est double : d'une part, faciliter le financement de nouvelles constructions pour répondre à la demande croissante de logements, et d'autre part, aider les bailleurs à entreprendre des travaux de rénovation énergétique indispensables à la transition écologique.

Les nouveaux financements encouragent la construction de logements sociaux qui respectent les normes environnementales les plus exigeantes. En réduisant la consommation énergétique des bâtiments, on fait d’une pierre deux coups en diminuant la précarité énergétique des ménages tout en réduisant l’empreinte carbone du secteur du logement. Et, bien entendu, cela ne fait qu’améliorer la qualité de vie des habitants des logements sociaux.

Parmi les mesures annoncées, on retrouve également des prêts à taux avantageux destinés à soutenir les projets des bailleurs dans les zones les plus tendues, où la demande est particulièrement forte. En complément, la Banque des Territoires a présenté des outils d’ingénierie financière permettant de sécuriser les montages de projets complexes, en particulier ceux qui nécessitent des investissements conséquents dans la rénovation urbaine.