Abandon du projet de 1000 logements à Montpellier : La ZAC du Coteau devient un parc naturel
La Zone d'Aménagement Concerté (ZAC) du Coteau à Montpellier était au cœur d'un projet ambitieux visant à transformer un vaste espace naturel en un quartier résidentiel de 1000 logements. Le cruel manque de logements neufs à Montpellier a motivé la conception de ce projet d’envergure. Située entre les quartiers Alco, la Mosson et Hôpitaux-Facultés, cette zone de 30 hectares avait suscité le mécontentement parmi les habitants et les défenseurs de l'environnement.
Aussi, après des mois de débats et de mobilisation intense menée par le collectif "Coteau de Malbosc", la ville de Montpellier a récemment décidé de renoncer à ce projet. Ce retrait marque une victoire pour les opposants, qui voyaient dans ce projet une menace directe pour l'un des derniers grands espaces verts de la ville. À la place des constructions initialement prévues, un parc de près de 20 hectares, baptisé Parc Henri-Lagattu, devrait voir le jour, offrant ainsi une nouvelle perspective d'aménagement pour ce site sensible.
Un projet de logements (trop) ambitieux
L'origine du projet de la ZAC du Coteau remonte à la mandature de Philippe Saurel, maire de Montpellier entre 2014 et 2020. Ce vaste projet a été imaginé afin de répondre à la forte demande de logements dans la ville en pleine expansion démographique qu’est Montpellier. La zone choisie, située sur les hauteurs de Malbosc, offrait un emplacement stratégique, proche des services et des infrastructures, tout en étant suffisamment vaste pour accueillir un millier de logements.
Dès le départ, le projet a suscité des réactions contrastées. Pour ses promoteurs, il s'agissait d'une opportunité de densifier le tissu urbain tout en répondant aux besoins croissants de la population montpelliéraine. Cependant, pour les riverains et les associations locales, ce projet menaçait de dénaturer un espace naturel précieux.
Malgré ces oppositions, le projet a progressé sous la précédente mandature, avec la promesse de nouveaux logements, nécessaires pour accueillir les 5200 nouveaux habitants que la ville gagne chaque année. Cependant, la prise en compte de l'importance écologique du site et la montée en puissance du mouvement citoyen opposé à cette urbanisation ont progressivement freiné l'avancée du projet.
La mobilisation citoyenne
Face à la perspective de voir disparaître une zone naturelle d'une trentaine d'hectares au profit de constructions immobilières, la mobilisation citoyenne ne s'est pas fait attendre. Au cœur de cette opposition, le collectif "Coteau de Malbosc" a été décisif. Formé par des riverains et des militants écologistes, ce collectif s'est rapidement imposé comme le fer de lance de la contestation.
Dès le début, le collectif a organisé diverses actions pour sensibiliser l'opinion publique et mettre la pression sur les décideurs locaux. Deux pétitions ont été lancées, rassemblant respectivement 2000 et 5340 signatures, un chiffre important qui a témoigné de l'ampleur de l'opposition. La pétition a même été signée par Marine Tondelier, le visage d’EELV bien connu de la sphère politique. Les membres du collectif ont également multiplié les interventions auprès des élus et des médias, arguant de l'importance de préserver cet espace qu'ils qualifient de "dernier poumon vert de la ville".
La stratégie du collectif a finalement porté ses fruits. En août 2024, un document officiel publié dans le cadre du Plan Local d'Urbanisme Intercommunal a révélé un changement de cap, et pas des moindres : le projet initial de la ZAC du Coteau, qui prévoyait la construction de 1000 logements, a été abandonné. À la place, il est désormais prévu de créer un parc de 19,8 hectares, baptisé Parc Henri-Lagattu, qui préservera une grande partie de la zone naturelle menacée.
Les membres du collectif ont salué une "première victoire" dans leur lutte. Cependant, malgré ce succès, la vigilance reste de mise. Le collectif continue de surveiller de près les évolutions du projet, notamment en ce qui concerne les 6,2 hectares du site qui pourraient encore être urbanisés. Pour eux, la bataille pour la protection complète de la zone est loin d'être terminée, et ils sont prêts à poursuivre leur engagement pour s'assurer que cet espace reste préservé pour les générations futures.
Un site important pour l’environnement
Pour les habitants et les militants écologistes de Montpellier, la zone concernée est un véritable sanctuaire de biodiversité, un espace naturel qui offre une bouffée d'oxygène dans un environnement urbain de plus en plus dense. La préservation de cette zone est donc apparue comme un enjeu déterminant pour la qualité de vie à Montpellier.
L'opposition au projet s'est principalement concentrée sur les impacts environnementaux qu'aurait pu avoir la construction d’un trop grand nombre de logements. Le Coteau de Malbosc, situé sur les hauteurs de la ville, est un espace où la nature s'épanouit encore relativement librement. Il abrite une riche biodiversité, avec des espèces végétales et animales qui auraient été gravement menacées par l'artificialisation des sols.
Le projet initial prévoyait une densification importante, qui aurait non seulement réduit les espaces verts mais aussi aggravé les problèmes de gestion des eaux pluviales, augmentant les risques d'inondation dans cette zone. Pour le collectif défenseur du site, ces risques écologiques et climatiques justifiaient pleinement leur combat pour l'abandon du projet.
Le bitume cède sa place à la verdure
L'annonce de la transformation de la ZAC en Parc Henri-Lagattu, couvrant près de 20 hectares autour de la rue du même nom, a été perçue comme une reconnaissance des enjeux écologiques soulevés par les opposants. Cependant, tout n'est pas encore résolu. Une partie de la zone, soit 6,2 hectares, reste destinée à l'urbanisation, ce qui suscite des inquiétudes quant à la pérennité de la biodiversité et du paysage naturel. Le collectif s'inquiète également du classement de ce parc dans le futur PLUi en tant que "zone à urbaniser", ce qui pourrait ouvrir la porte à de futures constructions.
Les défenseurs de l'environnement plaident donc pour une classification de toute cette zone en "espace naturel protégé" afin de garantir sa préservation à long terme. Ils proposent également des aménagements légers, comme la création de haies fruitières, de jardins partagés et de zones de revégétalisation naturelle, pour encourager la biodiversité sans avoir recours à l'artificialisation des sols. L'objectif : faire du Coteau de Malbosc un modèle de développement durable, où la nature serait mise au premier plan, loin des infrastructures lourdes et des constructions massives.
Une résistance qui a porté ses fruits
Face à la mobilisation grandissante des habitants et des associations, les autorités locales ont dû réévaluer le projet de la ZAC du Coteau. Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de la Métropole, a pris acte des préoccupations exprimées par les citoyens tout en soulignant la complexité de la situation. En effet, Montpellier fait face à une pression démographique considérable, avec environ 5200 nouveaux habitants par an, ce qui crée une demande très forte de logements.
Dans ce contexte, Delafosse a reconnu la nécessité de trouver un équilibre entre le besoin de construire de nouveaux logements et la préservation des espaces naturels. Lors d'interventions publiques, il a expliqué que la Métropole devait réduire l'ampleur du projet initial pour répondre aux inquiétudes environnementales tout en maintenant une partie du développement immobilier.
Delafosse a souligné l'importance de protéger le patrimoine naturel de Montpellier, notamment en conservant les 33 hectares du parc Malbosc et en créant un corridor écologique pour favoriser la biodiversité. Le projet a donc été révisé pour inclure la création du Parc Henri-Lagattu, comme mentionné plus haut, tout en prévoyant l'urbanisation limitée de certains secteurs. Ainsi, une ZAC plus petite sera tout de même créée sur une surface d’un peu plus de 4 hectares, dans le but de construire 150 à 250 logements. Le maire a justifié la construction de ces logements en arguant de la nécessité de répondre aux besoins sociaux légitimes des habitants.
Delafosse a également promis que des concertations seraient menées avec les acteurs locaux pour affiner les plans d'aménagement du parc et garantir que les infrastructures à venir respectent les attentes des riverains et des écologistes.
Cependant, cette position n'a pas complètement apaisé les craintes du collectif "Coteau de Malbosc" et d'autres opposants, qui continuent de réclamer une sanctuarisation complète de la zone. Pour les autorités, le défi reste donc de convaincre la population que les nouveaux aménagements respecteront l'équilibre fragile entre développement et préservation.