
Bordeaux Euratlantique : Top départ pour le chantier du groupe scolaire Armagnac
À Bordeaux, un nouveau tempo résonne sur la place d'Armagnac : les engins ont lancé, le 16 juin 2025, le chantier du groupe scolaire du même nom, futur paquebot de vingt classes aux flancs de bois. L’équipement devrait ouvrir pour la rentrée 2027, apportant un souffle d’air aux écoles du secteur déjà saturées.
Il s’inscrit dans l’Opération d’intérêt national Bordeaux Euratlantique, vaste projet urbain à cheval sur les communes de Bordeaux, Floirac et Bègles, avec un objectif de finalisation à 2030. À la croisée des rails, des logements neufs et d’un parc, l’école deviendra la boussole pédagogique du quartier.
De la friche à la classe, l'essor du projet Armagnac
Un quartier qui change d’échelle
Sur 730 hectares d’anciennes emprises ferroviaires et industrielles, l’Opération d’intérêt national (OIN) Bordeaux Euratlantique prépare l’arrivée de 50 000 habitants et 30 000 emplois d’ici 2030. Dans ce maillage de voies et de ponts, Saint-Jean-Belcier joue la carte résidentielle ; mais ses deux écoles, Simone-Veil et Carle-Vernet, frôlent déjà la saturation : la seconde scolarisait 151 élèves à la rentrée 2023, au-delà de sa jauge historique. L’ouverture d’un établissement de vingt classes devient donc la pièce manquante du puzzle urbain.
De l’appel à projets à la signature foncière
L’EPA Bordeaux Euratlantique a lancé un appel à projets dès 2018 ; Bouygues Immobilier en est sorti lauréat avec le programme mixte « Oxia ». Le 13 juin 2025, l’acquisition définitive du terrain scelle l’opération ; trois jours plus tard, les premiers engins entrent en scène pour le gros œuvre. La chaîne de propriété épouse ensuite le circuit public et reviendra à terme à la Ville pour l’exploitation.
La future école Armagnac sera l’une des premières labellisées Bâtiment Frugal Bordelais, avec des cours en pleine terre
, souligne le maire Pierre Hurmic lors du lancement officiel.
Un jeu d’alliances institutionnelles
Autour du maître d’ouvrage privé gravite un quatuor public :
- État : soutien via le programme Territoire engagé pour le logement et le Fonds SRU.
- EPA Bordeaux Euratlantique : aménageur et porteur de l’OIN.
- Bordeaux Métropole : financeur et futur propriétaire.
- Ville de Bordeaux : gestionnaire à terme de l’équipement scolaire.
Chronomètre de béton : le tempo du chantier
Coup d’envoi millimétré
Le 16 juin donc, les premières pelles mordent la terre d’Armagnac. Le maître d’ouvrage fixe d’emblée la cadence : vingt-sept mois pour transformer la parcelle en école de vingt classes, puis remettre les clefs à la Ville avant la rentrée septembre 2027. La livraison technique est calée au 3ᵉ trimestre 2027 selon Bouyges Immobilier; ce jalon détermine tout le reste du calendrier.
Deux années pour lever les murs
Le programme prévisionnel, annexé à la convention de vente, scinde l’opération en deux séquences :
- Juin 2025 - déc. 2026 : Gros œuvre et charpente bois. Pose de 4 280 m² de planchers, assemblage des poutres lamellées, grue à tour 60m.
- Janvier 2027 - août 2027 : Second oeuvre et aménagements extérieurs. Isolation biosourcée, sols sportifs, plantation de la cour en pleine terre.
Ce phasage laisse une marge tampon d’un mois pour les essais réglementaires (sécurité incendie, acoustique, accessibilité) avant la remise des ouvrages à Bordeaux Métropole.
Des salles de classe provisoires pour ne pas décrocher
Pour absorber la poussée démographique sans attendre la fin des travaux, l’académie a entériné la création d’une “école provisoire d’Armagnac” de deux classes dès la rentrée 2025. Installées dans des modules préfabriqués, ces salles accueilleront les petites sections et les CP du secteur, sous statut d’annexe de l’école Carle-Vernet.
Un ballet logistique sous haute surveillance
Le chantier jouxte les voies ferrées de la gare Saint-Jean ; les rotations de camions sont donc restreintes aux plages horaires creuses pour éviter de bloquer le boulevard Jean-Jacques Bosc. Une “base vie” à énergie positive, alimentée par panneaux solaires, héberge jusqu’à 120 compagnons au pic d’activité.
La coordination sécurité impose un pontage piéton au-dessus de la rue Beck afin de maintenir l’accès aux commerces riverains — preuve que, même dans le vacarme des marteaux-piqueurs, la ville continue de respirer.

Le programme et sa conception durable
Un navire pédagogique pour cinq cents élèves
Le futur établissement alignera vingt classes, douze élémentaires et huit maternelles, auxquelles s’ajoutent une salle de sport mutualisable et un logement de fonction. La capacité visée, ≈ 500 enfants, soulagera immédiatement les écoles Simone-Veil et Carle-Vernet, déjà en sureffectif. Une surface utile de 4 280 m² abritera les salles de cours, tandis que les cours de récréation resteront en pleine terre afin de rafraîchir le micro-climat urbain.
Ossature bois, peau minérale : l’alliage vertueux
Sous la main du cabinet Tectoniques et de ses partenaires, la structure adopte une ossature mixte bois/béton à 67 % de bois : poteaux, poutres et planchers lamellés-collés forment un squelette léger, posé sur un socle minéral qui assure l’inertie thermique. Cette hybridation réduit de près d’un tiers l’empreinte carbone par rapport à une solution 100 % béton équivalente,et répond aux contraintes feu élevées des bâtiments recevant du public.
Doubles couronnes vertes et budget maîtrisé
L’école vise la certification NF Habitat HQE “Excellent” et le label “Bâtiment frugal bordelais”, un duo rarement atteint sur un équipement public. Pour y parvenir, le projet intègre matériaux biosourcés niveau 3, ventilation double-flux et façades ventilées en terre crue compressée, tandis que la toiture recevra 320 m² de panneaux photovoltaïques.
Le budget est de 24 M€ HT pour l’école, le gymnase et les aménagements paysagers, soit environ 4 600 € le m² utile. La part bois et les éco-matériaux expliquent ce ratio supérieur à celui d’un bâtiment traditionnel. L’investissement reste contenu grâce à un montage que nous allons voir juste en-dessous.
Montage financier : le mécano à quatre mains
Une chaîne de propriété en relais
Le groupe scolaire Armagnac voyage d’abord dans les comptes privés : Bouygues Immobilier achète l’îlot 8.10 le 13 juin 2025, puis revend l’école en VEFA à l’Établissement public d’aménagement (EPA) Bordeaux Euratlantique. L’EPA la cède à son tour à Bordeaux Métropole, avant un dernier passage de témoin à la Ville de Bordeaux, qui assurera l’exploitation quotidienne (entretien, personnels, restauration). Ce ballet contractuel permet de sécuriser le financement public tout en laissant à l’opérateur privé la maîtrise des risques de chantier.
D’où vient l’argent ?
Tout d'abord, l'État donne un double coup de pouce, via une subvention du programme Territoire Engagé pour le Logement et une aide du Fonds SRU gérée par l’EPF Nouvelle-Aquitaine.
Ensuite, une première autorisation de programme de 250 000 € est inscrite au budget 2024 de Bordeaux Métropole pour les études et la part foncière. D’autres crédits d’investissement seront proposés au vote dans le budget 2025, une ligne « Groupe scolaire Armagnac » étant déjà signalée comme « projet en cours d’étude » dans le rapport d’orientations budgétaires.
Enfin, la ville de Bordeaux a réservé une allocation pour les futurs équipements intérieurs (mobilier scolaire, numérique) une fois la livraison actée.
Une école-aimant au cœur d’une “ville-patchwork”
La nouvelle école s’emboîte dans Oxia, programme qui marie logements et équipements publics. Autour de ses vingt classes graviteront 182 chambres étudiantes et 47 logements locatifs intermédiaires acquis par CDC Habitat. Un cocktail d’usages salué par le maire Pierre Hurmic : La future école Armagnac pourra vivre au-delà du temps scolaire et irriguer la vie du quartier
.
Mixité jour-nuit, du cartable au campus
En journée, cinq cents écoliers rempliront les cours arborées. Le soir, la salle de sport s’ouvrira aux associations, tandis que les studios étudiants garderont les fenêtres éclairées. Cette présence “24 heures sur 24” répond au pari d’un urbanisme compact où l’on marche cinq minutes entre logement, transports (tram C & D, arrêt Carle-Vernet) et services de proximité.
Renaturation XXL : un parc de huit hectares et 1 190 arbres
À deux pas de la cour d’école, le Jardin de l’Ars déploie 8 ha de pelouses ondulées et promet 1 190 arbres d’ombrage. Un « îlot de fraîcheur » qui remplace progressivement les anciennes emprises de fret. La cour du groupe scolaire, laissée en pleine terre, complète cette désimperméabilisation et permettra d’infiltrer jusqu’à 30 mm d’orage sans ruissellement, selon les calculs du Cerema.
Perspective académique : après l’école, le collège
Le quartier mise sur la continuité pédagogique. À 300 m au sud, le collège de l’Ars sort de terre pour 700 élèves, livraison prévue courant 2026 ; de quoi offrir un parcours “maternelle-3e” sans traverser la rocade.
Concertation et vigilance citoyenne
Depuis 2012, la maison du projet recense 3 000 visiteurs par an ; réunions publiques, balades urbaines et panneaux de chantier gardent les riverains dans la boucle. Les principales attentes portent sur le bruit des camions, la part du végétal et l’accès cyclable ; l’EPA promet un suivi trimestriel et la mise en ligne des webcams de chantier.
Le groupe scolaire Armagnac pose la première pierre d’un quartier-laboratoire où l’école, le logement et le parc dialoguent pour fabriquer un quotidien plus dense, mais aussi plus respirable.